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milieu de la tribu des Pawnies-Loups, est un des plus beaux épisodes du roman.

L’ESPION, roman historique, 3 vol. in-12, 1827. — L’espion est un homme singulier, bon, passionné, malheureux, qui s’est fait espion par pur patriotisme. Cet homme a embrassé la profession de colporteur durant les guerres d’Amérique ; grâce à cette profession, il s’introduit, la balle sur le dos, chez les riches Américains qui n’ont pas pris couleur, et tout en étalant ses marchandises, il a l’œil et l’oreille ouverts sur ce qui se passe, et surprend ainsi le secret politique des familles. C’est à Washington qu’il confie ses découvertes ; c’est pour Washington qu’il espionne : subjugué par l’ascendant de cet homme supérieur, il a renoncé pour le servir à l’estime de ses amis et de ses ennemis, il en a fait le dieu de sa conscience. Dévoué à une cause qui purifie bien des sacrifices, la liberté de son pays, Harvey Birch vit en paix avec lui-même : il a le suffrage de Washington. Seulement, quand le malheur est plus fort que son courage, quand il se voit repoussé par ses concitoyens comme une bête immonde, quand il n’a plus dans sa patrie un asile où il puisse reposer une heure sans danger, il se plaint avec une mélancolique résignation à un être absent ; il murmure à voix basse ce mot mystérieux : Lui. Ah ! s’il osait nommer Washington, il retrouverait le repos et la bonne renommée. Mais sa mission est de mourir déshonoré ; il doit tenir cachée jusqu’à sa mort une lettre qui lui rend l’honneur, mais qui ne sera lue que sur son cadavre. Trente ans après cette première guerre, quand l’Amérique fut libre et florissante, et lorsque son glorieux libérateur fut descendu prématurément dans la tombe, au moment où Harvey Birch essayait de faire un prisonnier et de rendre un dernier service à son pays, il fut frappé d’un coup mortel ; on trouva sur son sein une petite boîte de plomb qui renfermait la lettre de Washington, et trois ou quatre témoins surent qu’Harvey Birch était mort comme il avait vécu, dévoué à sa patrie et martyr de la liberté. — L’Espion est le premier roman qui ait fait connaître le talent de Cooper, talent qui s’est élevé à une grande hauteur dans ses autres productions.

LE PURITAIN D’AMÉRIQUE, 4 vol. in-12, 1827. — Une jeune fille a été enlevée toute petite à sa famille ; elle épouse un chef sauvage ; la forêt devient sa patrie ; elle suit son mari dans une attaque contre les colons. Le hasard la ramène dans sa famille ; elle ne reconnaît que sa mère, et encore y a-t-il quelque chose d’indécis dans ses souvenirs ; quelque chose de doux, de tendre, de bizarre dans ses témoignages d’affection, qui émeut singulièrement. Les idées d’enfance lui reviennent comme les images à demi effacées d’un songe presque oublié. La vie sauvage ne laisse plus