Page:Revue des Romans (1839).djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

anglais, nommé Belton. Contrainte de se dérober à la présence et au courroux d’un père qui ne pardonne pas une faute contre les mœurs, il ne lui reste que cette cruelle alternative, de ne revoir jamais la maison paternelle, ou de se séparer de son enfant, que le père de Claudine ne peut consentir à recevoir chez lui. L’amour maternel l’emporte, l’infortunée Claudine prend un parti courageux, revêt des habits d’homme, et sans autre ressource qu’une sellette et une brosse, elle arrive à Paris pour faire le métier de décrotteur, en compagnie de son fils qu’elle fait passer pour son frère. Dans cette ville, elle rencontre son séducteur, sa brosse lui tombe des mains et est ramassée par l’enfant. L’Anglais lui propose de quitter sa sellette pour se mettre en service chez lui ; elle y consent, mais sa patience et son amour sont à de rudes épreuves. Belton a une maîtresse, à laquelle Claudine, devenue Claude, porte les lettres et pleure en secret. Belton, dégoûté de cette maîtresse, en prend une autre ; mais la première, outrée de son inconstance, aposte des scélérats pour l’assassiner. Claude est assez heureux pour défendre et sauver son maître, et reçoit un coup d’épée dans la poitrine. En secourant Claudine, Belton retrouve une bague qu’il lui avait donné ; il la reconnaît, se jette à ses genoux et obtient avec son pardon la main de sa libératrice. Cette petite histoire est charmante, pleine d’intérêt et de grâce ; l’auteur suppose qu’elle est racontée par un de ces habitants des montagnes qui servent de guides aux voyageurs, et la naïveté du récit ne dément point cette fiction.

GALATÉE, in-18, 1783. — Galatée, roman pastoral imité de Cervantes, entremêlé de vers et de romances, est celui de tous les ouvrages de Florian qui eut le plus de succès. Le style en est pur, la narration claire et rapide, les sentiments doux, les pensées délicates et naturelles. Cervantes avait laissé ce livre imparfait, Florian l’a terminé, et dans le dernier livre, qui est de son invention, l’intérêt est bien soutenu, et le fil des événements si bien suivi, que l’auteur espagnol lui-même aurait eu peine à s’apercevoir que c’est une pièce de rapport. Quel que soit dans la postérité le sort des autres ouvrages de Florian, sa Galatée y conservera des lecteurs tant qu’il y aura des âmes sensibles, amies des passions douces, de la nature choisie, et de ces mœurs champêtres qui cesseront de paraître romanesques à mesure qu’on se désabusera davantage des tristes illusions des villes.

ESTELLE, in-18, 1788. — On retrouve encore dans ce roman pastoral plusieurs imitations de l’espagnol, mais la plus grande partie appartient à l’auteur. Estelle et Galatée sont deux sœurs qui ont quelques traits de famille avec des nuances qui les distinguent.

Séparateur