Page:Revue des Romans (1839).djvu/260

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qu’un prince africain, Alamar, a fait enlever. Gonzalve, en l’arrachant à ses ravisseurs, reçoit plusieurs blessures qui le mettent en danger de perdre la vie ; mais la princesse qu’il a sauvée le fait transporter à Malaga, ville de sa dépendance, et lui prodigue, sans le connaître encore, tous les soins qu’elle doit à son libérateur. Elle le croit de la même nation et de la même religion qu’elle, parce qu’il était vêtu d’un habit maure quand il l’a rencontrée. Elle l’aime déjà, comme on peut bien s’y attendre ; elle lui fait, pendant sa maladie, le récit de tout ce qui lui est arrivé depuis sa naissance, et dans ce récit se trouve naturellement amené tout ce qu’il faut que le lecteur sache de ce qui a précédé le moment où commence le roman, etc., etc. — Le plan de l’ouvrage est régulièrement conçu : l’action principale est bien graduée ; le héros est intéressant sous tous les rapports, comme guerrier, comme ami, comme amant ; les autres personnages sont bien disposés pour figurer dans l’ordonnance générale ; les épisodes sont bien entremêlés à l’action, qu’ils suspendent sans trop la retarder ; le péril de Gonzalve et de sa maîtresse Zuléma va croissant jusqu’au dénoûment, qui satisfait le lecteur. — Gonzalve est précédé d’un précis historique sur les Maures, excellent morceau où il y a de la méthode, du choix, du jugement ; où l’auteur a su se resserrer sans sécheresse, et quelquefois s’étendre à propos. Ce précis fait mieux connaître les Maures qu’aucun autre des livres qu’on a faits sur cette intéressante nation.

SIX NOUVELLES, in-18, 1784. — Ces six nouvelles sont : Bliomberis, Pierre, Célestine, Sophronyme, Sanche, et Bathemendi. — Six nouvelles nouvelles, in-12, 1793. — Les deux recueils de nouvelles sont ordinairement réunis en un seul. Ce volume renferme six autres nouvelles, qui sont : Selmours, Selico, Claudine, Zulbar, Camiré, et Valérie. Selmours est une nouvelle anglaise où l’on trouve un caractère original, celui de Pikle, assez bien tracé ; Selico, nouvelle africaine, rappelle un trait de l’histoire africaine, où l’auteur a dessiné avec énergie des caractères fiers et des mœurs atroces ; dans Valérie se trouve rajeuni un conte de revenant qui depuis longtemps passe pour une histoire réelle ; c’est celle d’une femme enterrée comme morte, et qui ressuscite dans les bras d’un amant désespéré qui est venu la chercher jusque dans la tombe ; Zulbar est un conte allégorique et philosophique, où les hommes sont changés en animaux, dont les discours ont pour objet des points de morale et de philosophie pratique ; Camiré est une nouvelle américaine dont la scène se passe au Paraguay. La plus intéressante des six nouvelles est sans contredit celle de Claudine. Le fond en est très-simple : c’est une jeune et intéressante paysanne de la vallée de Chamouny, séduite et abandonnée par un voyageur