léon[1] et de Canning, qu’un médecin fameux conseillait à tous ceux qui étaient menacés de maladies de poitrine, peut à coup sûr se promettre de longues destinées ! Qui peut avoir oublié, après les avoir lues une fois, les aventures de Ganem, fils d’Abou Aïbou, ou l’esclave d’amour, et de la belle Tourmente ; les aventures de Sindbad le marin ; Aladin et sa lampe merveilleuse ; l’histoire de Noureddin Ali et de Brededdin Hassan ; l’histoire de Camaralzaman et de la princesse de Badoure, de Noureddin et de la belle Persane, et de Beder, prince de Perse, et Gianhare, princesse du royaume de Samandal ? Qui n’a relu vingt fois l’histoire du prince Zeyn Alasnan et du roi des génies ? Qui ne se rappelle les aventures du calife Haroun al Raschid, et le prince Ahmed, et le cheval enchanté, et l’oiseau qui parle, et l’eau qui danse ? Tous ces récits, où sont admirablement conservés les mœurs, les caractères de l’Orient, où sont rappelés tous les usages, ces récits pleins d’esprit, de naturel, et brillants de coloris et d’imagination, sont dans la mémoire de tout le monde. Quelle est la cause d’un succès si universel ? Ce n’est pas parce qu’on y trouve très-bien représentés « l’audace et les artifices des femmes qui osent et risquent d’autant plus qu’elles sont plus rigoureusement captives, l’hypocrisie des derviches, la corruption des gens de loi, etc. », qu’on les relit sans cesse, ce n’est pas là spécialement la source de l’intérêt des Mille et une Nuits. Cet intérêt est surtout dans les leçons de morale si frappantes qu’on rencontre sous le voile ingénieux de l’apologue, dans ces traditions des vérités primitives, mieux conservées dans l’Orient que dans les mythologies des autres peuples ; cet intérêt est aussi dans le goût du merveilleux qui est un besoin de tous les hommes et de toutes les époques. Y a-t-il un apologue plus ingénieux pour exprimer cette noble devise bien faire et laisser dire que celui-ci : « On apprend à la princesse Parizade l’existence de l’oiseau qui parle et de l’arbre qui chante. Ses frères la voyant triste de l’idée de ne posséder jamais ces merveilles, se mettent en route pour les découvrir et succombent. La princesse Parizade s’adresse au derviche qui a indiqué le chemin à ses frères, et d’abord elle use de prudence, parce qu’il faut être dans la vie, simple comme la colombe et prudent comme le serpent ; elle met du coton dans ses oreilles, et après qu’elle a bien considéré le chemin qu’elle avait à tenir pour arriver au haut de la montagne, elle commença à monter d’un pas égal avec intrépidité. Elle entendit des voix qui criaient,
- ↑ Napoléon avait pris un tel goût à ces contes, qu’à Sainte-Hélène, lorsqu’il priait quelqu’un de ses familiers de lui raconter un fait, une anecdote, il disait ordinairement : Allons, ma sœur Dinarzade, si vous ne dormez pas, racontez-moi.