Page:Revue des Romans (1839).djvu/277

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et elle s’aperçut d’abord que le coton lui était d’un grand secours. Elle entendit plusieurs sortes d’injures et de railleries piquantes qu’elle méprisa et dont elle ne fit que rire ; elle monta enfin si haut, qu’elle commença d’apercevoir la cage et l’oiseau, lequel, de complot avec les voix, tâchait de l’intimider en lui criant d’une voix tonnante : « Folle, retire-toi ; n’approche pas. » La princesse, animée davantage par cet objet, doubla le pas, gagna le haut de la montagne, courut droit à la cage et mit la main dessus, en disant à l’oiseau : « Oiseau, je te tiens malgré toi, et tu ne m’échapperas pas. » Quel est l’homme animé de la noble ambition d’arriver, qui ne doive faire comme Parizade, se boucher les oreilles pour atteindre son but, bien faire et laisser dire ?

Les maximes de tous les contes sont pleines de sens : « Garde ton secret, dit Zobéide, et ne le révèle à personne : qui le révèle n’en est plus maître. Si ton sein ne peut contenir ton secret, comment le sein de celui à qui tu l’auras confié pourra-t-il le contenir ? » — L’Histoire de l’Envié et de l’Envieux est encore une leçon frappante. Deux hommes demeuraient porte à porte ; l’un avait une envie si violente contre l’autre, que l’envié crut devoir s’éloigner. Il devient chef des derviches, et l’envieux, poursuivi encore de sa bonne renommée, étant venu dans son couvent et ayant jeté le derviche dans un puits, celui-ci apprend là un secret auquel il doit ensuite d’épouser la fille du sultan. Il devient sultan à son tour, et un jour qu’il était au milieu de sa cour, dans une marche, il aperçoit l’envieux, lui fait compter mille pièces de monnaie d’or, et lui fait livrer vingt charges de marchandises les plus précieuses. En effet, n’a pas des envieux qui veut, et combien de gens ont dû leur fortune aux efforts que des ennemis avaient faits pour leur nuire ! — Nous ne ferons qu’indiquer l’Histoire du Calender, des Quarante jeunes dames et de la Clef d’or, dont il ne fallait pas se servir pour ouvrir la centième porte, les longs travaux et la persévérance de Sindbad : tous ces contes sont trop connus pour que nous puissions faire autre chose que de les rappeler au souvenir des lecteurs.

Nous avons fait remarquer précédemment que la meilleure édition des Mille et une Nuits est celle qu’a donnée en 1806 Caussin de Perceval. Galland avait laissé entre autres plusieurs contes encore inédits. Caussin de Perceval en a traduit d’autres encore, et a terminé dignement la collection par le conte qui contient le véritable dénoûment ; savoir, la grâce entière accordée par l’imbécile et féroce sultan à l’aimable narratrice.

L’édition donnée par M. Destains contient un volume de nouveaux contes rapportés d’Orient à Londres par l’ambassade de la Grande-Bretagne, et publiés en anglais par l’orientaliste Jonathan