Page:Revue des Romans (1839).djvu/288

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loppées avec un art parfait, d’aventures même créées avec le plus rare bonheur. Quel assemblage de tout ce que les temps de Louis XIII offrent de plus touchant et de plus noble, ou de plus utilement instructif ! quelle vérité de coloris ! quelle abondance d’aperçus délicats, de pensées fines et justes ! Dans aucun autre ouvrage le talent de l’auteur ne s’est montré avec plus d’éclat ni avec plus d’enchantement.

MADEMOISELLE DE CLERMONT, nouvelle historique, in-18, 1813. — Mademoiselle de Clermont est un roman fort joli d’un bout à l’autre, dont la brièveté est le moindre mérite. Les caractères de la princesse, de son frère M. le duc, et de son amant le duc de Melun, sont tracés avec une vérité charmante. Là, ni incidents recherchés, ni déclamations prétendues religieuses ; action simple, style naturel, narration animée, intérêt toujours croissant, voilà ce qu’on y trouve ; on croirait lire un ouvrage posthume de Mme  de la Fayette. — Mlle  de Clermont, arrière-petite-fille du grand Condé, se prend d’inclination pour le duc de Melun, homme de trente ans, d’une belle figure, de beaucoup d’esprit, d’un caractère noble et élevé. La princesse a vingt ans ; elle n’a plus ni père ni mère, et quoique dans la dépendance de son frère, elle a jusqu’à un certain point le droit de disposer de son cœur. Rien dans ce petit roman ne s’oppose à l’intérêt que les deux amants inspirent ; rien n’en altère la pureté ; les développements de leur amour mutuel et mystérieux sont pleins de charmes ; et il n’y a guère de lecteur honnête qui, s’il a eu un amour contrarié, ne retrouve dans ce joli roman quelques sentiments et peut-être des petits incidents du roman de sa jeunesse.

LES BATTUÉCAS, 2 vol. in-12, 1816. — Les Battuécas sont un des ouvrages de Mme  de Genlis les mieux écrits et peut-être un des plus mal composés. Ce roman n’est pas long ; il est semé d’une foule de réflexions, de monologues, de conversations ; il reste donc peu d’espace pour les événements, et il ne saurait y en avoir un grand nombre ; cependant il serait très-long et très-difficile d’en présenter l’analyse. Dès le début, les amours d’Adolphe de Palmène et de Calixte d’Auberive, traversés par la révolution française, intéressent le lecteur. Les parents d’Adolphe et ceux de Calixte, dénoncés comme aristocrates, sont obligés de fuir leur patrie, forcés de prendre des routes différentes, et doivent se retrouver en Espagne ; mais Adolphe y arrive seul avec son père, et y cherche inutilement Calixte et sa mère. Après plusieurs mois d’anxiété, il aborde dans la fameuse vallée des Battuécas, vallée enclavée au sein de l’Espagne, peuplée d’habitants qui ignoraient le reste de l’univers, et que l’auteur suppose tout à fait inconnue en 1816. Là ils rencontrent le véritable héros du roman, prodige