sœurs de Sainte-Camille, où elle est résolue à passer ses jours, si jamais son sort ne doit être uni à celui de son amant. Elle habitait depuis peu cette pieuse retraite, lorsque la renommée apporte en France la triste nouvelle du fléau qui désole la capitale de la Catalogne. Les médecins français s’empressent à l’envi de solliciter la mission d’aller porter des secours aux pestiférés ; les sœurs de Sainte-Camille prennent la résolution de partager leurs périls ; deux sont désignées pour se rendre à Barcelone, et le choix tombe sur Ernestine et sa cousine. Adrien, qui n’a cessé de voyager depuis le jour où l’ordre de son père l’a séparé de ce qu’il aime, se retrouve à Barcelone. Frappé de la contagion, il est au nombre des malheureux confiés aux soins et à la garde des deux sœurs de Sainte-Camille. Ernestine soulève sa tête mourante, le reconnaît, et prie auprès d’un être qui lui est si cher ; ses prières sont exaucées ; Adrien est rendu à la vie ; il rentre en France avec sa libératrice, et le comte de Rochemaure consent à les unir. — Rien de plus simple que l’action de ce roman ; sagement conçue, elle naît, se développe et se termine naturellement.
Nous connaissons encore de cet auteur : Dictionnaire d’amour, in-12, 1827, et plusieurs romans traduits de l’allemand de divers auteurs.
LE LORGNON, in-8, 1831. — Le lorgnon est un talisman à travers lequel on découvre l’âme à nu ; on voit la différence entre la parole et la pensée, entre l’action et le sentiment qui fait agir. M. de Norville, le possesseur du lorgnon, n’en tire guère parti que dans une occasion importante ; non quand il apprend qu’un de ses amis ne l’aime pas, ou qu’une jeune demoiselle veut l’épouser pour sa fortune, mais quand lui-même veut se marier, car sa position est réellement embarrassante. Il aime une veuve en particulier et déteste les veuves en général ; même il a fait serment de ne jamais épouser une veuve. Grâce au lorgnon investigateur, M. de Norville découvre que sa veuve n’a jamais été mariée, ce qui s’appelle mariée, et il se décide à l’épouser réellement. — Il ne faut demander dans ce roman ni des situations, ni des passions bien vives, mais ce que l’auteur a voulu y mettre et ce que l’on rencontre à chaque page, beaucoup d’esprit, beaucoup d’observation ; des mœurs restreintes à quelques salons ; des caractères étroits à force d’égoïsme et d’amour-propre, et que tout le monde peut reconnaître à la vérité des couleurs.
Nous connaissons encore de Mme de Girardin : Contes d’une vieille fille à ses neveux, 2 vol. in-18, 1832. — Monsieur le marquis de Pontanges, 2 vol. in-8, 1835. — La Canne de M. de Balzac, in-8, 1836.