Page:Revue des Romans (1839).djvu/317

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nuisible à l’intérêt ; quoiqu’on y trouve quelques expressions alambiquées, et que le dénoûment en soit totalement manqué, on ne peut cependant résister au charme séducteur qui en rend la lecture délicieuse et en fait oublier les défauts. Tout ce que la tendresse a de plus vif et de plus touchant, tout ce que la nature animée par le sentiment, tout ce qu’une élégante naïveté, la richesse des images, la variété des détails, la chaleur du style, le pathétique des situations, peuvent offrir à l’âme, pour l’intéresser, la captiver et l’attendrir, se trouve dans cet ouvrage. Les réflexions que fait Zélia sur nos mœurs et sur nos usages, et l’expression de sa surprise à chaque objet nouveau qui se présente à ses regards, sont on ne peut pas plus piquantes. Mais Mme de Graffigny est tombée à ce sujet dans un défaut essentiel : Zélia est transportée à Paris au moment de la destruction de l’empire du Pérou, c’est-à-dire, au commencement du XVIe siècle, et c’est à cette époque où les arts étaient à peu près dans l’enfance, où les jouissances du luxe étaient, sinon tout à fait inconnues, du moins si différentes de celles du XVIIIe siècle, où les mœurs, les occupations, les plaisirs et les divertissements des Français avaient si peu de ressemblance avec ce qui existait à cette dernière époque, que Zélia admire nos carrosses, nos ameublements, nos maisons de ville et de campagne, est éblouie de nos glaces, est enchantée de nos spectacles, va même à l’Opéra, qui ne fut établi qu’un siècle et demi plus tard ; un pareil anachronisme nous semble inexcusable. On regrette aussi que, contre l’attente du lecteur, l’infidélité de Zélia vienne amortir la sensibilité qu’inspire cette aimable personne. Son changement, dont les motifs, malgré l’adresse de l’auteur, trouvent peu de grâce dans un cœur délicat, change aussi les sentiments qu’on se plaisait à éprouver en sa faveur : elle a beau chercher à justifier sa faiblesse, on n’y découvre plus que les prestiges d’une conscience qui veut s’étourdir sur ses fautes, mais qui n’en imposent point au juge impartial. — Les lettres d’Aza, que l’on a ajoutées à plusieurs éditions, ne sont point de Mme de Graffigny, mais de M. Lamarche-Courmont.

On a encore de Mme de Graffigny : Le mauvais Exemple, nouvelle espagnole, imprimée dans le : Recueil de ces Messieurs, in-12, 1745. — *Vie privée de Voltaire et de Mme du Châtelet, ou six Mois à Cirey, in-8, 1820.

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GRAHAM (Maria).


SÉJOUR DE TROIS MOIS DANS LES MONTAGNES PRÈS DE ROME, pendant l’année 1819, trad. de l’anglais sur la seconde édition, in-8, 1822. — En lisant cet ouvrage, on s’aperçoit que l’auteur