Page:Revue des Romans (1839).djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croule tout à coup et tombe en poussière ! Tel est le mouvement du monde, que reproduit avec fidélité le livre de M. Mortonval.

LE SECRET D’ÉTAT, in-8, 1836. — Au milieu de la nuit du mardi gras, par une pluie battante, un fiacre verse dans une rue étroite et fangeuse ; on en retire deux femmes en dominos et masquées. Une des voisines accourue avec des flambeaux se prend de pitié pour ces pauvres femmes meurtries, évanouies ; elle les fait porter chez elle. Un chirurgien est appelé, il saigne une des blessées ; sa compagne apprend au docteur qu’il vient de donner des soins à la jeune marquise de Castelnéro. Seul avec la marquise, le chirurgien lui apprend qu’un malheureux hasard l’a conduite dans une maison de prostitution. La marquise était sortie de son hôtel à l’insu de son mari, jaloux jusqu’à la frénésie, et de sa belle-mère, femme austère et orgueilleuse dont elle est l’esclave. Quoique sa démarche secrète n’eût point de but coupable, elle s’épouvante à l’idée qu’une indiscrétion peut en révéler le mystère. Elle recommande le secret au chirurgien seulement à l’égard de sa compagne, Mlle  Céleste. Par malheur cette jeune fille, d’une beauté remarquable, a été vue démasquée dans ce lieu infâme, par un jeune homme qui raconte cette circonstance à celui qui peu de temps après allait épouser Céleste. Le mariage est rompu, Céleste est déshonorée. Il faut que la marquise, pour justifier Céleste, avoue que c’est elle-même qui, bien qu’innocemment, a conduit la jeune fille dans cette maison abominable. Dans son embarras, elle s’adresse à sa belle-mère, laquelle, connaissant le caractère violent de son fils, et trop certaine que cet aveu entraînerait des conséquences funestes, déclare que c’est elle-même qu’on a vue masquée avec Céleste, dans un lieu infâme où la chute de sa voiture l’a contrainte à chercher un asile. Quant au motif de son excursion nocturne, dans un fiacre, et en costume de bal, sans aucune suite, elle, si grande dame, si fière et si dévote, il lui faut un moyen de s’expliquer d’une manière satisfaisante : elle le trouve en mettant en jeu l’orgueil et l’intérêt de son ami le prince de Massérano, ambassadeur d’Espagne. Par la crainte de la révélation d’un fait qui le couvrirait de ridicule aux yeux de l’Europe et le perdrait à Madrid, elle le contraint à déclarer que la démarche mystérieuse de la vieille marquise est un secret d’État qu’elle n’a pas le droit de dévoiler. Ainsi Céleste est justifiée, et la jeune marquise échappe aux dangers qui la menaçaient.

CHARLES DE NAVARRE, 2 vol. in-8, 1836. — Gaston Phœbus, comte de Foix, venait de sanctionner la paix avec les Armagnacs, par le mariage de son fils Yvain avec Béatrix d’Armagnac. Charles de Navarre, qui avait longtemps compté sur un mariage entre sa fille et le jeune comte de Foix, attira près de lui Yvain et sa jeune