Page:Revue des Romans (1839).djvu/357

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y a dans ses manières quelque chose de grand, de généreux, de libéral, qui l’ennoblit et le relève aux yeux du lecteur. On voit que ses fautes proviennent plutôt de l’irréflexion que d’un mauvais naturel. Nous ne décriront point toutes les situations par lesquelles il passe successivement ; il nous suffira de dire qu’entraîné par des dépenses excessives pour fournir aux caprices d’une courtisane, il s’approprie, en commettant un faux, une somme de cinq mille livres sterling. Il est mis en prison, son procès s’instruit, et il est sur le point d’être condamné à mort. Cette scène est tout à fait touchante et pathétique ; l’auteur a eu l’art de la bien ménager, et de faire passer successivement le lecteur par toutes les alternatives de la crainte et de l’espérance. — En dernière analyse la curiosité est vivement excitée dans ce roman, qui mérite d’être distingué de la plupart des productions du même genre.

Nous connaissons encore d’Holcroft : Aventures de H. Trévor, 4 vol. in-12, 1798.

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HOLFORD (miss), romancière anglaise.


WARBECK DE WOLFSTEIN, ou les Dangers du fatalisme, trad. de l’anglais par Mme Collet, 4 vol. in-12, 1821. — Deux hommes se disputent la main de la riche et belle dame de Mansfield ; l’un est un guerrier généreux, noble, beau et brave ; l’autre est un scélérat consommé, qui daigne à peine se contraindre et revêtir de temps à autre un ton et des formes aimables. Par une bizarrerie du cœur humain, c’est ce farouche séducteur qui l’emporte, tandis que l’amant vertueux n’obtient pas même de la pitié. Les efforts des deux rivaux forment le sujet du roman. La scène se passe successivement dans le manoir féodal de Mansfield, à la cour de Vienne, dans le camp impérial et dans le formidable et presque magique château de Woliwintein. Ce château n’est guère qu’un repaire de brigands ; la victime y est amenée par surprise, et c’est là qu’elle est témoin des scènes les plus étranges et qu’elle apprend que son époux est un capitaine de voleurs ; le dénoûment est éclatant, car il est produit par une explosion dont les effets miraculeux débarrassent instantanément les opprimés des oppresseurs. — Ce roman est conçu avec une rare énergie, et peu de femmes seraient capables d’en écrire de semblables. Les passions tendres ou haineuses qui animent ou inspirent les divers personnages sont peintes avec les couleurs les plus frappantes. La fable semble n’avoir été imaginée que pour justifier cette vieille opinion, que les femmes ont une prédilection marquée pour les mauvais sujets.

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