Page:Revue des Romans (1839).djvu/397

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouvait pas écrire. — Comme il était gai et faisait souvent rire, on lui dit qu’il n’était qu’indécent. — Comme il n’y avait dans ses ouvrages ni parricides, ni infanticide, ni inceste, on lui dit qu’il était immoral. — Quelques-uns dans leur critique dédaigneuse voulurent bien lui dire : On le lit, mais on ne le juge pas. Il aurait pu leur répondre avec plus de vérité : On vous juge, mais on ne vous lit pas. » — Il est piquant de voir ainsi un écrivain prendre lui-même sa défense et plaider avec autant d’esprit que de vérité sa cause contre la critique.

MON VOISIN RAYMOND, 4 vol. in-12, 1822. — Ce roman présente une suite de tableaux et une peinture de mœurs fort comiques, dont la gaieté a le mérite de ressortir de situations naturelles et vraisemblables. Mon voisin Raymond est un de ces êtres que l’on ne rencontre que trop souvent dans la société ; cependant, bien que ses prétentions tiennent de la sottise, et que ses actions le vouent au ridicule, on s’amuse franchement du portrait que l’auteur nous en a tracé d’une manière si originale. Les aventures du voisin Raymond sont on ne peut plus gaiement racontées par le héros de l’histoire, qui, tout en se moquant le premier des travers de son voisin, finit cependant par être une fois cruellement mystifié par le plastron de ses espiégleries.

ANDRÉ LE SAVOYARD, 5 vol. in-12, 1825. — Par une nuit d’orage, le père d’André le Savoyard a préservé d’une mort certaine un riche voyageur, dont une minute plus tard la voiture roulait au fond des précipices qui entourent la petite ville de l’Hôpital, située près du Mont Blanc. Cet étranger est un comte de l’Empire, époux d’une jeune femme que l’ambition de ses parents ont forcée de faire un mariage de convenance, et dont toute la passion est concentrée sur une charmante petite fille. Georget, c’est le nom du Savoyard, ne se contente pas de recevoir et d’abriter ses hôtes ; il court la nuit chercher un charron intelligent pour raccommoder la voiture, et dans son trajet il se blesse assez dangereusement. Dès que le jour paraît, le comte et la petite Adolphine, qu’il venait de ravir à sa mère, quitte l’humble cabane du Savoyard, dans la main duquel l’étranger laisse une preuve de son excessive parcimonie. Après le départ des voyageurs, le petit André trouve dans la cabane de son père un médaillon qui renfermait le portrait d’une femme charmante, dont les traits ont une ressemblance frappante avec ceux de la petite fille qui accompagnait le vieux monsieur. « C’est le portrait de la mère ! » s’écrie d’une voix unanime toute la famille Georget. Il ne vint à l’idée de personne que ce pouvait être celui de la femme du comte. — Georget meurt de sa blessure et du service qu’il a rendu. Sa veuve reste au village avec le plus jeune de ses fils ; les deux autres vont chercher