Page:Revue des Romans (1839).djvu/398

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fortune à Paris, où, dès les premiers jours de leur arrivée, un hasard les sépare, et l’attention du lecteur n’est plus captivée que par les événements dont se compose la vie d’André, que nous verrons passer successivement de la soupente d’un porteur d’eau dans les vastes appartements d’un riche hôtel. Renversé par un cabriolet, il doit à cet accident une grande fortune dont il fait le plus noble usage. Héritier d’un jeune peintre qui avait trouvé le moyen de concilier la richesse et le talent, il consacre son héritage à embellir la vieillesse de sa bienfaitrice, ruinée par des malheurs imprévus. Le caractère simple et naïf d’André le préserve des dangers de la capitale ; mais en revanche il l’expose à tous ceux qui naissent d’une passion violente, d’un amour sans espoir. Le portrait perdu dans la cabane de Georget est remis par lui à la comtesse ; il rappelle à cette tendre mère que c’est aux soins généreux de cette famille savoyarde qu’elle doit la vie de sa chère Adolphine, sa seule consolation, et, bien différente de son époux, elle ne met point de bornes à sa reconnaissance ; c’est par elle qu’André reçoit une éducation à la fois brillante et solide, qui le met à même de se procurer une existence honorable. Mais André a vingt ans, et la jeune Adolphine n’a pu s’empêcher de remarquer que le protégé de sa mère est plus aimable que le riche époux qu’on lui destine. Les traits d’Adolphine sont gravés dans le cœur d’André depuis le jour où pour la première fois son portrait frappa sa vue ; mais par une de ces bizarreries fort communes, la comtesse, qui doit tous ses malheurs à un mariage de convenance, exige de sa fille le sacrifice de son amour pour André, et la force d’accepter la main du marquis de Térigny, dont le légèreté plonge bientôt toute la famille dans une suite d’inévitables désastres. La conduite délicate d’André, les ruses ingénieuses qu’il emploie pour venir au secours de sa bienfaitrice ; l’amour ingénu de la jeune Manette, fille du porteur d’eau qui recueillit André à son arrivée à Paris ; la mort d’Adolphine ; l’embarras de son frère Pierre, qu’André retrouve au moment où il s’y attendait le moins, et qui, ne pouvant supporter sa fortune nouvelle, retourne à ses anciens travaux, ont fourni à l’auteur une foule de chapitres tour à tour pleins de sentiments et de gaieté, et qui se font lire avec intérêt.

SŒUR ANNE, 4 vol. in-12, 1825. — Sœur Anne est une pauvre jeune fille restée orpheline à l’âge de sept ans, et à laquelle il ne restait qu’un frère encore au berceau. Un jour le tonnerre tomba sur la chaumière où sa mère venait de mourir de chagrin et de misère ; elle brava tout pour sauver l’orphelin, et, ne l’ayant pas pu, elle allait mourir avec lui, lorsque l’enfant fut sauvé. Elle vécut dont, mais muette ; la crise terrible, en épargnant sa vie, avait paralysé sa langue. Une vieille voisine accueillit sœur Anne dans