Page:Revue des Romans (1839).djvu/484

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la rapproche d’un être séduisant, qui, sous les dehors de la franchise et de l’amitié, cachait un cœur faux et perfide. Pauline se livre sans défiance aux prévenances de la plus dangereuse des femmes ; et bientôt, victime de la faiblesse de son propre cœur et de la plus noire intrigue, elle oublie, dans l’enivrement d’un coupable amour, ses devoirs d’épouse et de mère. Cependant un régime plus doux avait succédé aux orages révolutionnaires. Pauline avait recouvré sa liberté par les soins de son amant, lorsque tout à coup Montfort, qui avait obtenu l’autorisation de rentrer dans sa patrie, apparaît à Pauline qui porte dans son sein une preuve terrible de sa faiblesse. Déchirée par ses remords et par son amour pour son amant, qui, malgré les reproches de sa conscience, règne en tyran sur son cœur, la malheureuse comtesse de Montfort tombe mourante aux pieds de son époux. Ici l’auteur a porté à son comble l’admiration et l’attendrissement. Nous n’essayerons pas de donner une idée de cette combinaison si touchante, que nous craindrions d’affaiblir dans une faible esquisse ; nous nous contenterons d’assurer que la vertu de Montfort, soumise à la plus délicate de toutes les épreuves, en sort victorieuse ; la générosité, la noblesse de son âme, paraissent dans tout leur jour ; il pardonne à Pauline ; il pardonne même à son amant ; mais il pardonne sans s’avilir, sans altérer l’admiration qu’on doit à son caractère. Cependant c’est en vain que la malheureuse Pauline vient d’obtenir sa grâce ; son cœur brisé recèle le germe de la mort, et bientôt elle meurt dans les bras de son époux, après avoir été témoin, pour dernière punition, de l’inconstance de son amant. — Il n’y a dans cette agréable production ni événements imprévus, ni combinaisons forcées ; tout y est simple et naturel, tout y attache et intéresse.

MARIE NEVILL, 3 vol. in-12, 1814. — Le plan de ce roman est aussi simple que bien conçu. L’auteur a voulu tracer le tableau de tout ce que le sexe le plus faible peut opposer de constance, de résignation, de dévouement, à tout ce que le nôtre peut présenter de dureté, de perfidie, d’abus de pouvoir et d’atrocités. Dans un antique château, situé sur un point des côtes de l’Angleterre, Marie voit s’écouler ses premières années auprès d’un père bizarre et d’une tendre mère dont les conseils et les exemples gravent dans son cœur en traits ineffaçables le sentiment du devoir. Privée bien jeune encore de cet excellent guide, Marie ne tarde pas à perdre bientôt son père, qui toutefois, avant de mourir, a eu le temps de donner à sa fille un protecteur, un époux. Tout semblait devoir garantir le bonheur de Marie : une excellente éducation, une fortune immense, un mari jeune, pourvu de tous les avantages du corps et de l’esprit ; mais hélas ! ces dons