Page:Revue des Romans (1839).djvu/486

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cherché qui choque le langage et le goût. Tous ces défauts se retracent dans les divers ouvrages de Marivaux, qui fit donner à son style le nom de marivaudage ; mais ils ne sont nulle part rachetés par autant de mérite que dans Marianne. C’était d’ailleurs un cadre également favorable à son talent et à ses défauts. Ses observations se portaient sur les détours secrets de la vanité, les ruses de l’amour-propre, les sophismes des passions. On pouvait l’appeler le métaphysicien du cœur. Souvent il perd trop de temps et de soin à en fouiller les plus petits replis ; mais pouvait-il être plus à son aise qu’en prêtant cette espèce de babil moral à une femme qui raconte les aventures de sa jeunesse, dans un temps où elle n’y met plus d’autre intérêt que celui de converser avec elle-même, et de se rendre un compte fidèle de tout ce qu’elle a éprouvé et senti ? Aussi Marivaux fait-il présent de tout son esprit à son héroïne, et ne lui fait-il grâce de rien : on dirait qu’il lui dicte l’histoire de la coquetterie et la confession de toutes les femmes. — Mme Riccoboni nous a donné la conclusion de Marianne, que l’auteur n’avait pas eu le temps d’achever ; cette suite est si bien liée au sujet, le style de Marivaux est si bien imité, qu’il faut être dans le secret pour ne point s’y tromper.

LE PAYSAN PARVENU, 4 vol. in-12, 1735. — Les premières parties de ce roman, que Marivaux n’a pas achevé, seront en tout temps une lecture agréable.

On doit encore à Marivaux : *Aventures de ***, ou les Effets surprenants de la sympathie, 5 vol. in-12, 1713-14. — *La Voiture embourbée, in-12, 1714. — *Le Spectateur français, in-12, 1722. — *Pharsamond, ou les Folies romanesques, 2 vol. in-12, 1737. (Réimprimé dans les œuvres de l’auteur sous le titre de : Don Quichotte moderne). — Histoire de mademoiselle Goton et de M. le Gris, insérée dans le tome XII des œuvres de l’auteur.

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MARMONTEL (Jean-François),
né à Bort (Corrèze), le 11 juillet 1723, mort le 31 décembre 1799.


BÉLISAIRE, in-8 et in-12, 1766. — « Le Bélisaire de Marmontel, dit Chénier, sans égaler le Télémaque de Fénélon, ni l’Émile de Rousseau, chefs-d’œuvre différents, mais égaux entre eux, à qui nul ouvrage de morale ne peut être comparé chez les autres nations modernes, ni même dans les littératures de l’antiquité, le Bélisaire les suit au moins avec honneur. Ici nous retrouvons Marmontel composant sur la morale un traité méthodique, et dont les formes sont austères ; c’est le dernier volume des « Leçons d’un père à ses enfants », et le meilleur après celui qui porte le nom de « Grammaire. » La Leçon de morale évangélique rappelle, quant au fond des idées, la fameuse Profession de foi du vicaire savoyard. Les avantages sont compensés : Marmontel est plus ortho-