Page:Revue des Romans (1839).djvu/511

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venir, rien ne lui coûte ; il trahit tout, amitié, serments, reconnaissance. Son âme de démon prend toutes les faces sous lesquelles il lui plaît de la déguiser ; or, il nuit, il intrigue, il abuse de l’estime générale, et l’hypocrite arrive à ses fins, jusqu’au jour où, voyant la fortune lui tourner le dos, il perd la tête et devient fou. — Ce roman est de ceux qui intéressent, sans laisser après eux un sentiment de dégoût. Toutefois, il nous offre le vice dans un si long cours de prospérités, qu’on se demande : « Cela peut-il être ainsi ? »

LE VAGABOND, histoire contemporaine, 4 vol. in-12, 1834. — Le Vagabond est l’exagération des misères du peuple ; les caractères, les situations, les mœurs, tout est forcé dans ce roman ; on s’y promène du bagne à la cour d’assises, on s’y prend corps à corps avec des gardes-chiourmes et des estafiers subalternes, quand la justice et la police d’un ordre supérieur vous font la grâce de vous laisser en repos. Le Vagabond pourrait, certes, à lui tout seul, défrayer pendant un an le répertoire des boulevards : l’Auberge des Adrets elle-même, cette comédie de l’assassinat, n’a rien de mieux en horreurs joyeuses ou sombres. Il y a dans ce livre un petit Polastron, un enfant trouvé que se passent de main en main un tisserand, une danseuse, un duc et pair, une sœur de charité, pauvre diable qui aime une Louison, laquelle, innocente du vol dont on l’accuse, est condamnée à la marque et à la prison ; Polastron lui-même, de vagabond devenu voleur, va se moraliser au bagne ; il s’évade pour venir combattre en 1830 aux barricades, se laisse reprendre ensuite et condamner à mort, se voit sauvé par miracle au moment du supplice, et vient enfin tomber à Passy entre les bras de son père et de sa mère, de son frère et de sa Louison enceinte. Comme tout ce monde trempe dans la haute police, l’affaire s’arrange à l’amiable, et maintenant Polastron est citoyen des États-Unis : on leur a fait là un joli cadeau.

On a encore de cet auteur : Saphorine, 3 vol. in-12, 1820. — Les deux Apprentis, 4 vol. in-12, 1826. — Paul Briolat, in-8, 1831.

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MILLON-JOURNEL (Mlle Émilie), née Verneuil.


GASTON DE SEMUR, suivi du Monastère du mont Canigou et du Château d’Enfer, 2 vol. in-12, 1822. — Le héros de ce roman est un preux ; il part pour la Palestine, et, après avoir triomphé dans un tournoi à Chambéry, il emporte le souvenir de la belle Mlle de Montméliand. À son retour en France, il retrouve un de ses amis dont il est le rival sans le savoir ; cet ami le reçoit dans son antique manoir, l’invite à passer la nuit dans son lit et celui