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de sa femme ; il va plus loin, une certaine nuit il se retire, et laisse ainsi Gaston couché seul avec son épouse ; le prix de cette loyale complaisance lui serait devenu fatal, sans la fidélité et les principes de Mlle  de Montméliand. Les lois de la chevalerie autorisaient alors cet usage ; on le considérait comme le témoignage le plus incontestable de la confraternité ; on faisait coucher ainsi avec soi ses hôtes les plus distingués et ses meilleurs amis. Les lits étaient alors des estrades d’une largeur démesurée ; la dame du logis se couchait la première, son mari après elle, et ensuite les hôtes privilégiés. Cet usage existe encore, dit l’auteur, dans quelques parties de la Bulgarie, et, sans aller plus loin, on le retrouve même aujourd’hui dans quelques parties de la Normandie, où il nous est arrivé, un jour que le souper s’était un peu prolongé, d’être invité par notre hôte à partager avec lui et sa femme le seul lit qu’il y avait dans la maison. — Le Monastère du mont Canigou est une nouvelle dont la scène se passe dans les Pyrénées. — Le Château d’Enfer est une chronique hollandaise qui pourrait fournir au besoin le sujet d’un mélodrame épouvantable. — En général, les composition de Mlle  Millon-Journel se distinguent par des connaissances historiques, par un style rapide et clair, exempt d’enflure et de mauvais goût.

On a encore de cet auteur : Les Enfants du vieux château, 40 vol. in-18, 1810-18.

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MIRABEAU (Honoré-Gabriel Riquetti, comte de),
né à Bignon le 9 mars 1749, mort à Paris le 2 avril 1791.


LETTRES ORIGINALES DE MIRABEAU, écrites du donjon de Vincennes, pendant les années 1777-80, contenant tous les détails de sa vie privée, ses malheurs et ses amours avec Sophie Ruffei, marquise de Monnier. Recueillies par L. P. Manuel, 4 vol. in-8, 1792.

Né d’un père qui avait de l’esprit et des connaissances, l’éducation de Mirabeau fut soignée, mais son caractère et les circonstances lui procurèrent bientôt la plus rude, mais aussi la plus instructive de toutes, celle du malheur. Son plus grand ennemi fut son père. Cet homme impérieux et bizarre aperçut bien vite dans la jeunesse de son fils, et dans le premier développement de ses facultés, un esprit d’indépendance dont il fut blessé, et une supériorité de talents qui menaçait sa vanité. À l’occasion d’un aventure galante, il obtint contre lui une lettre de cachet, et le fit enfermer à l’île de Ré, d’où il sortit pour aller servir en Corse. En 1772, il épousa une belle et riche personne, Mlle  de Marignan. Pouvant enfin satisfaire ses goûts de dépenses, il se livra à de tels