Page:Revue des Romans (1839).djvu/550

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fermer le livre ? Oh ! c’est qu’au milieu de son agonie cette jeune femme est plus belle encore ; c’est qu’il semble que son âme se montre à nous plus pure et plus céleste au travers des plaies et sous la flétrissure de son corps ; c’est que, comme son amant, nous voudrions retenir aussi dans nos bras cet ange qui ouvre les ailes et va s’envoler.

*LORD RUTHWEN, ou les Vampires, 2 vol. in-12, 1820. — Léonti, jeune gondolier de Venise, séparé depuis longtemps de la jeune Bettina qu’il aime, la retrouve, à son retour dans sa patrie, au milieu d’une fête dont l’harmonie est troublée par un sombre et mystérieux étranger. Une Tyrolienne, habile à pénétrer les secrets de l’avenir, prédit à la jeune Vénitienne qu’elle sera la proie d’un vampire ; mais à peine a-t-elle prononcé ce nom, que le mystérieux étranger, lord Ruthwen, qui n’est autre que le vampire lui-même, lui impose silence. La jeune fille est ramenée chez son père, où son amant et Ruthwen l’accompagnent. Ce dernier parvient à séparer de nouveau les deux amants ; il s’empare de cette jeune fille, et disparaît après s’être abreuvé de son sang. Enflammé du désir de venger son amante, Léonti se met à la poursuite du vampire, et rencontre bientôt un compagnon d’infortune dans Aubry, jeune homme dont le monstre a aussi dévoré la sœur. Unissant leur courroux et leur chagrin, ils jurent de découvrir le traître et de lui faire expier ses crimes par la mort. Un jeune Arabe qu’ils rencontrent dans leurs voyages, se joint à eux, et chacun raconte à son tour une série d’aventures dont les principaux acteurs sont toujours des vampires, ou des victimes de ces spectres dévorants. Bientôt Bettina apparaît à Léonti, et lui annonce que le vampire usurpe à la cour du duc de Modène un rang distingué, qu’il occupe sous le nom de lord Seymour. Abusant de la confiance du prince, il obtient la main de sa fille ; mais au moment de conclure cette union, la princesse est prévenue du danger qu’elle va courir. Une scène concertée entre les trois amis, pour démasquer le vampire, n’ouvre pas les yeux au duc ; la princesse épouse lord Seymour et expire dans la nuit de ses noces. Léonti plonge son poignard dans le cœur du vampire ; Bettina meurt une seconde fois, et on assiste aux funérailles de toutes ces victimes. — Il règne dans tout cet ouvrage une monotonie de cruauté qui n’est adoucie par aucune transition qui en affaiblisse l’horreur, qui repose agréablement l’imagination. M. Charles Nodier avait promis une suite à lord Ruthwen, sous le titre d’Histoire de ma première vie ; cette suite n’a jamais paru.

*ADÈLE, in-12, 1820. — Ce roman est de la famille de Werther et du peintre de Satzbourg. On y trouve moins de poésie peut-être que dans ces deux ouvrages, mais aussi plus de détails naïfs,