Page:Revue des Romans (1839).djvu/586

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convaincus que c’était un bon ouvrage, forcèrent l’auteur à continuer. Deux ans après, ce livre obtint un succès de vogue qui ne s’est pas ralenti ; c’est en effet un des meilleurs romans de l’auteur. — À ce roman succéda celui d’Angélique et Jeanneton qui n’eut dans le principe aucun succès, bien que le premier volume renferme des pages que n’aurait pas désavouées Sterne ; ce livre a eu depuis dix-sept éditions. — la Folie espagnole, roman plus que gai, dut son succès à ses gravelures ; une cinquantaine d’exemplaires furent saisis pour la forme, et pour plaire aux criailleries des bigots de l’époque. — Les Cent vingt jours devaient former une publication périodique, contenant une nouvelle par mois ; il n’a paru que quatre nouvelles ; l’éditeur abandonna ce genre de publication, parce que l’espace était trop restreint pour l’imagination de l’auteur. L’ouvrage n’avait d’ailleurs qu’un succès médiocre ; ce qui n’étonne pas, il était raisonnable. Chose étrange ! quand les ouvrages de Pigault étaient gais, on criait après l’auteur pour ses farces ; quand il se dispensait d’en mettre, on ne les lisait pas. Les aventures grivoises de Mon oncle Thomas procurèrent à ce livre un immense succès, que couronna aussi la publication de Monsieur Botte. Ce roman doit son origine à un défi de l’acteur Damas, qui avait donné pour sujet à l’auteur les mots Je ne le veux pas ; Pigault écrivit séance tenante les deux premières pages, et, en peu de jours, le roman, qui eut un succès fou et qui le mérite. Nous citerons encore parmi les meilleurs romans de Pigault : Le Garçon sans souci, où l’éditeur s’étant reconnu, se plaignit à l’auteur, lequel répondit qu’il prenait ses originaux où il les trouvait ; Jérôme, dont le sujet est la bataille de Marengo ; l’Homme à projets, véritable type des hommes de l’époque où il fut publié.

Cette notice sur l’auteur et ses ouvrages pouvant suffire pour qu’on puisse s’en faire une idée, nous nous bornerons à donner l’analyse des deux ouvrages suivants :

ADÉLAÏDE DE MERAN, 4 vol. in-12, 1815. — Adélaïde de Meran est vivement éprise de son jeune cousin, Jules de Courcelles. Élevés ensemble, ils s’adorent et brûlent de s’unir ; mais ce désir est plus vif chez Adélaïde que chez son cousin ; et l’auteur a donné à cette jeune personne une imagination si vive et des dispositions si tendres, qu’on tremble à chaque instant pour sa vertu. Le désir d’augmenter sa fortune jette le père d’Adélaïde dans des spéculations hasardeuses, qui ne font qu’accélérer sa ruine. Forcé de se réfugier dans une petite terre au pied des Pyrénées, il exige que les deux amants se séparent. Le père d’Adélaïde fait la connaissance d’un monsieur d’Apremont qui habite avec sa fille un château voisin, où il reçoit un intrigant nommé des Adrets. Ce misérable tente en vain de séduire Mlle d’Apremont et Adélaïde.