Page:Revue des Romans (1839).djvu/645

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de Médicis régna sur Florence. Ce fut un scandale et un affront pour les seigneurs florentins, de voir décerner la couronne ducale et l’autorité souveraine à ce bâtard qui portait sur son visage le type africain que lui avait transmis sa mère, esclave mauresque. Soutenu par le pape et par l’empereur, Alexandre mit le pied sur ses ennemis ; le sang le plus pur coula dans les tortures et dans les supplices ; de grandes familles partirent pour l’exil ; de grands biens furent confisqués, et l’investiture en fut donnée à des aventuriers. Impitoyable pour les grands, Alexandre rendait la justice au peuple à la manière de Sancho, une justice ingénieuse, pleine de bon sens et de vive saillie, dont chaque arrêt pouvait être traduit en apologue ; c’était là sa récréation quand il n’avait ni supplice à ordonner ni acte de libertinage à consommer. La famille des Strozzi fut surtout victime de toutes les passions de ce tyran. Luiza Strozzi, mariée à un gentilhomme florentin, est poursuivie par les entreprises violentes du duc, et se trouve un jour tête à tête avec lui ; dans le péril, elle est réduite à s’asseoir sur le balcon d’une fenêtre, et à déclarer qu’au premier mouvement de Son Altesse, elle se précipitera sur le pavé. Luiza ne cédant pas, le duc, apprenant qu’elle en aime un autre, la fait empoisonner. Le père de cette jeune femme, Philippe Strozzi, après avoir aidé à l’élévation d’Alexandre, conspire contre lui. Lorsque Alexandre tombe assassiné, Philippe Strozzi se met à la tête de deux mille Florentins pour s’opposer à l’élévation de Come de Médicis ; défait et pris, il se donne la mort d’un coup de poignard, et à ses derniers instants il trouve la force d’écrire avec le sang de sa blessure mortelle un vers de Virgile, sur la muraille de sa prison. La mort de Luiza Strozzi termine le roman, plein, mais tout hérissé de tragiques événements.

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ROSSELLE SAINT-HILAIRE.



*RIENZI ET LES COLONNA, ou Rome au XIVe siècle, 5 vol. in-12, 1825. — L’épisode de Rienzi est un des plus intéressants de l’histoire d’Italie dans le moyen âge. On y trouve l’un des symptômes les plus singuliers de la renaissance des lettres, et de l’ardeur avec laquelle on étudiait et l’on admirait les anciens au XIVe siècle. En effet, si l’on en croit les rapports les plus avérés, Rienzi était un érudit très-versé dans la lecture des chefs-d’œuvre de l’ancienne Rome, et l’enthousiasme que lui inspirait les écrits de Tite-Live lui fit entreprendre une révolution que ses forces morales le rendaient incapable de conduire. Le caractère de Rienzi est bien rendu dans le roman qui nous occupe ; quelques-