Page:Revue des Romans (1839).djvu/675

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scène est une montagne, au pied de laquelle Cherbourg florissait déjà sous le nom de Coriallum. L’auteur suppose une invasion partielle de Francs commandés par Clodoald. Ce chef des barbares contemple des hauteurs du Roulle l’incendie de la ville et des habitations qui couvrent la riche campagne offerte à ses regards. Les soldats lui amènent un vieillard qu’ils viennent d’arracher à l’asile où il se cachait. On va précipiter l’infortuné dans les flammes d’un vaste bûcher allumé sur la cime de la montagne, lorsque Pharamonde, femme de Clodoald, sort de la tente de son époux, demande la grâce du vieillard, et l’engage à chanter sur la lyre les exploits des guerriers de sa patrie. Le chant du vieux druide est le récit de l’histoire d’Islaor. Elle intéresse vivement Pharamonde ; mais le barbare Clodoald, indigné de la bassesse du père d’Islaor, qui avait trahi son pays et ses dieux, et, pour ainsi dire, livré son fils aux cruels ennemis de la foi, interroge le vieillard, et lui demande quel a été le sort de cet homme coupable. « Hélas ! s’écrie-t-il, en tombant aux genoux du farouche vainqueur, plaignez-moi ; le barde chrétien était mon fils ! » Clodoald, plus courroucé de l’aveu que touché du repentir, saisit aussitôt sa hache d’armes et fait voler dans le bûcher allumé devant lui la tête du vieux barde. Ce récit est semé de réflexions philosophiques empreintes d’une morale élevée.

*NATALIE, in-8, 1833. — Natalie est un petit pamphlet contre le divorce attribué généralement à M. de Salvandy, mais où la touche féminine se reconnaît à la grâce et à la délicatesse du style. Tous les développements du roman ne tendent qu’à montrer quelle est, dans le monde, la position fausse de celles qui ont le malheur de se séparer d’un premier mari. — Natalie est une jeune femme charmante, qui réunit la grâce et la beauté aux qualités du cœur. Elle a rencontré un beau jeune homme du nom d’Ernest, qui la sauve d’un grand danger et qu’elle finit par aimer ; mais le destin les a séparés par une barrière insurmontable… Natalie est une femme divorcée ! Avec toutes ses qualités aimables et ses dix-neuf ans, elle a beaucoup de légèreté dans le caractère, et se laisse mener par une madame d’Artville, qui la conduit dans un bal déguisé chez M. Delmère, rival d’Ernest. Ce même Delmère est blessé dans un duel, et Natalie, dont le nom a été compromis dans cette affaire, va lui faire une visite, sans savoir que c’est lui qui a mal parlé d’elle, et que c’est Ernest qui l’a défendue. Ernest, qui est lui-même dangereusement blessé, et que cette démarche de son amie choque cruellement, rompt avec elle toute relation. Natalie meurt d’amour ; c’était la seule manière de lui faire oublier son divorce.

*CORISANDRE DE MAULÉON, ou le Béarn au XVe siècle, 2 vol.