Page:Revue des Romans (1839).djvu/693

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paladin, tellement dominé par la manie des rapprochements historiques, qu’un combat n’est jamais pour lui qu’une commémoration ; sur son aimable fille, Rose, que ses goûts simples et ses prétentions modestes rendent inaccessible à la coquetterie et à l’ambition. Les événements de la guerre que soutient le prétendant sont retracés avec vérité dans ce roman, où l’on trouve de l’intérêt et des situations piquantes. Les premiers succès du prince, ces succès si courts ; l’ivresse aveugle qui s’empara de ses courtisans ; les brigues, les cabales, les prétentions de tout genre, aussi actives dans cette cour d’un moment que s’il se fût agi du monarque le plus puissant de l’Europe, sont retracés avec un véritable talent. Le caractère indécis de Waverley, le peu de confiance qu’il accorde à la cause qu’il a embrassée, n’empêchent pas que sa loyauté et sa franchise ne plaisent ; mais on s’attache encore plus vivement à la destinée de Fergus, décapité à Édimbourg après la bataille de Culloden. Sa sœur, la charmante enthousiaste Flora, ne le quitta qu’après que son triste sort fut accompli ; elle revint en France, où elle prit le voile dans un couvent de bénédictines. Waverley, aussi incertain dans ses sentiments que dans ses opinions, après avoir été fort épris de Flora, épouse Rose Bradwardine.

LA PRISON D’ÉDIMBOURG, trad. par Defauconpret, 2 vol. in-12, 1818. — Une longue et intéressante procédure, qui se rattache par un fil délié à quelques soulèvements de l’Écosse au moment de sa réunion à l’Angleterre ; l’intérêt puissant qu’inspire une jeune fille condamnée à mort, et le dévouement héroïque, le courage tranquille d’une sœur innocente et vertueuse, qui brave tout pour aller à pied, du fond de l’Écosse, implorer à Londres la clémence du souverain, forment le nœud de l’ouvrage. — La prison d’Édimbourg est un des romans les plus variés de Walter Scott, tant par les scènes tour à tour sublimes et comiques, que par le contraste non moins saillant des caractères les plus opposés : celui de Jeanie Deans est sublime à force de simplicité. Qui n’a admiré les personnages si dramatiques du vieux David Deans et de Roberston ; les scènes historiques où ke duc d’Argyle, la reine Caroline et lady Suffolk nous transportent dans la sphère brillante de la cour ; et celles où les détails de l’affaire de Porteus nous peignent avec des couleurs si vraies tous les incidents d’une émeute populaire ? C’est principalement dans cet ouvrage qu’on peut étudier ce genre de talent particulier à Walter Scott, qui consiste dans l’introduction d’un personnage dont la physionomie en apparence fantastique se rattache aux traditions locales ; telle est la vieille Meg Murdockson, telle est sa fille Madge Wildfire, si intéressante dans sa folie. L’enthousiasme religieux des Came-