Page:Revue des Romans (1839).djvu/699

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

distingue, comme tous ceux du même auteur, par une description animée des lieux, une peinture piquante des mœurs, un développement profond des caractères.

LES AVENTURES DE NIGEL, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1822. — Ce roman offre un tableau piquant de la cour d’Angleterre et de la ville de Londres sous le règne de Jacques Ier. L’avidité des Écossais, qui accourent, pour chercher fortune, auprès du roi leur compatriote ; la jalousie des Anglais, qui ne peuvent voir sans mécontentement cette foule de nouveaux venus ; l’antique animosité des deux nations, toujours vivante malgré la réunion des deux couronnes ; le mouvement d’une ville sans police et abandonnée en quelque sorte à elle-même ; les allures, si diverses à cette époque, des différentes classes de la société, des mariniers de la Tamise, des marchands de la cité, de leurs turbulents apprentis, des étudiants du Temple, des habitants de l’Alsace, quartier privilégié où les malfaiteurs trouvaient un asile à peu près inviolable ; et au milieu de cet assemblage singulier, un roi rempli des doctrines du pouvoir absolu, et gouverné despotiquement par des favoris ; abandonnant volontiers le soin des affaires publiques pour se mêler des affaires particulières de ses sujets ; faible, tracassier, pédant, plein de petits ridicules, et par-dessus tout bon homme, s’il n’est rien moins que grand prince ; tout cela est peint dans Nigel de la manière la plus spirituelle, la plus vive, la plus originale.

L’ABBÉ, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1822. — L’Abbé est la suite du Monastère. Le Monastère n’est véritablement que l’histoire de cette lutte sanglante qui s’éleva en Écosse et en Angleterre, lorsque la religion réformée vint s’y établir sur les ruines du catholicisme. Le roman de l’Abbé nous représente les derniers combats du protestantisme et du catholicisme. L’abbé ne joue toutefois ici qu’un rôle fort peu important ; le véritable sujet est l’évasion de Marie Suart, enfermée dans la forteresse de Lochleven, et le dénoûment la défaite des partisans de cette princesse infortunée, à laquelle son mauvais sort ne laissa d’autre asile que l’Angleterre. C’est un mérite particulier à Walter Scott de savoir, non pas abaisser l’histoire jusqu’au roman, mais élever le roman jusqu’au style de l’histoire. Veut-il faire intervenir dans son ouvrage quelques-uns de ces personnages illustres qui ont joué un grand rôle sur la scène du monde, il sait les amener sans efforts et sans qu’ils paraissant déplacés. C’est ainsi qu’en nous conduisant près de Marie Stuart, il nous rend témoins d’une scène que ne désavouerait pas la noblesse même de la tragédie, de la scène où Marie Stuart abdique la couronne. Walter Scott est peut-être de tous les historiens celui qui a représenté sous les