Page:Revue des Romans (1839).djvu/700

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traits les plus fidèles cette belle et malheureuse reine. On la voit, au milieu des revers les plus terribles, vaine encore de cette beauté qui fit la source de tous ses maux ; la coquetterie est chez elle un sentiment si fort que rien ne peut l’éteindre ; son miroir la console de ses fers ; elle n’est pas même indifférente aux suffrages de ses geôliers ; et quand elle a signé l’acte de la renonciation au trône de ses pères, elle pardonne volontiers à l’un des ministres qui ont arraché sa signature, parce qu’il lui demande la permission de baiser sa belle main. La situation de la reine captive inspire le plus vif intérêt ; on gémit avec elle dans sa prison ; on désire presque autant qu’elle sa délivrance. Les faits d’armes de quelques personnages dont l’histoire nous a transmis les noms ; le tableau de la féodalité civile et religieuse, établie dans le nord de l’Écosse à cette époque ; une foule de scènes de guerre et d’amour, et, par-dessus tout, cet art de peindre les mœurs et les localités, que personne ne possédait mieux que Walter Scott, rendent la lecture de ce roman on ne peut plus intéressante.

LETTRES DE PAUL À SA FAMILLE, écrites en 1815 ; suivies de la Recherche du bonheur, contes traduits par A. Pichot, 3 vol. in-12, 1822. — Dans cet ouvrage, Walter Scott retrace les souvenirs d’un voyage qu’il fit à Waterloo et à Paris. Un volume entier est consacrée à la bataille de Waterloo ; dans les autres volumes, l’auteur a consigné ses observations sur les mœurs et les usages de la société de Paris, qu’il juge avec la sagacité d’un Anglais, qui pense qu’un séjour de vingt-quatre heures suffit pour connaître les habitants d’une grande capitale.

Nous nous abstiendrons d’analyser cette production, enfantée dans un moment d’erreur, et dans laquelle, à l’occasion de l’enlèvement des tableaux du Louvre, l’auteur insulte à notre douleur, et y trouve le sujet de grossières pasquinades. « Ces chefs-d’œuvre, dit-il, semblent augmenter de prix pour les Français à mesure qu’approche l’heure de leur enlèvement. Ils leur parlent, ils pleurent, ils s’agenouillent devant eux, leur disent adieu… Plus d’un regard abattu, plus d’un front sourcilleux observe les préparatifs ; et telle est la grotesque douleur qui se montre dans la physionomie des autres, que, si ce n’était pas si risible, on aurait pitié d’eux. » Il est impossible de pousser plus loin l’impertinence, et l’on serait tenté de dire à cet Anglais, qu’on voit bien, par l’abus qu’il fait de la victoire, que sa nation n’est pas accoutumée à vaincre ; mais la philosophie nous commande de faire grâce à l’historien en faveur du romancier.

QUENTIN DURWARD, ou l’Écossais à la cour de Louis XI, trad. par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1823. — Vers l’année 1468, et dans cette belle partie de la Touraine où s’élevait jadis les tours