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SÉNANCOURT (Mlle Eulalie-Virginie de),
fille du précédent, né à Fribourg, en Suisse.


PAULINE DE SOMBREUSE, 4 vol. in-12, 1821. — Pauline, jeune orpheline victime des événements de la révolution française, cherche un asile en Allemagne ; elle est successivement admise chez plusieurs grandes dames, dont quelques-unes ne se piquent pas de générosité pour l’orpheline, et lui font durement sentir l’infériorité de sa position. Pauline est belle ; elle inspire de l’amour à plusieurs hommes, et, quoique sa vertu ne fasse pas le plus léger faux pas, sa réputation est souvent en danger. Parmi ses adorateurs, on distingue un chevalier de Marsanne, séducteur habile, qui est à la fois chevalier d’industrie et spadassin. Qui le croirait ? c’est ce personnage si peu intéressant, malgré l’énergie de son caractère, qui touche le cœur de la vertueuse Pauline ; mais il le touche sans succès pour lui, et Pauline fait ce qu’on appelle un mariage de raison. Dénoûment contre l’usage, puisqu’il est convenu qu’une héroïne de roman doit finir par épouser l’objet aimé. On ne sait pas toutefois mauvais gré à l’auteur de cette innovation.

Nous connaissons encore de Mlle de Sénancourt : Les Héros comiques, 2 vol. in-12, 1820. — La Veuve, 4 vol. in-12, 1822. — La Conquêtomanie (roman satirique contre Napoléon), 2 vol. in-12, 1827.

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SERVAN (Félix).


MARIA JOUBERT, ou les Chagrins d’une femme mariée, 1837. — Maria, jeune et riche héritière, épouse un homme jeune et riche comme elle ; cependant jamais mariage ne fut plus mal assorti. Joubert se marie parce qu’il est fatigué de la vie de garçon, et il apporte l’indifférence et l’ennui, là où Maria apportait ses rêves et ses illusions de jeune fille. Maria se révolte contre les mécomptes qui viennent si vite la désenchanter ; silencieuse et froide dans son chagrin, son mari croit qu’elle est sans cœur et sans esprit ; il la néglige, et pour justifier sa conduite, Joubert fait partager au monde l’opinion qu’il a de sa femme. Maria, méconnue, abandonnée, se retire à la campagne, où un beau jeune homme, Ernest Moreau, lui offrit des consolations auxquelles fut sensible la belle délaissée. Joubert ayant ouvert les yeux sur le mérite de sa femme et sur le danger de son délaissement, la ramène à la ville, où la jeune mariée se trouva en butte aux entreprises de quelques fats. Un d’eux, Auguste Lagrange, mit en campagne sa ruse et son audace, et vint à bout d’attirer Maria dans un piége affreux, d’où sa vertu sortit saine et sauve, mais où son honneur fut gravement compromis. Pour se justifier auprès de celui qu’elle aimait,