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Maria se compromit de nouveau. Joubert, devenu amoureux de sa femme, devint jaloux et persécuteur, et les chagrins de la jeune mariée devinrent intolérables. Pour comble de malheur, Ernest Moreau, menacé d’une ruine complète, ne pouvait se tirer d’affaire que par un bon mariage ; l’héroïsme de Maria fut aussi grand que ses douleurs, elle ordonna à Ernest de se marier, l’ingrat obéit, et Maria devint folle.

On a encore de cet auteur : Claudia, ou les Prières d’une jeune fille, in-8, 1833. — Sans cela ! elle serait ma femme, 2 vol. in-8, 1835.

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SÉVIGNÉ (Marie Rabutin, marquise de),
née le 5 février 1626, morte le 20 avril 1696.


LETTRES DE MADAME DE SÉVIGNÉ À SA FILLE ET À SES AMIS, nouvelle édition, 12 vol. in-12, 1811. Édition augmentée de cinquante à soixante lettres de Mme de Sévigné ou à Mme de Sévigné, qui ne se trouvent pas dans les éditions précédentes, et de quelques morceaux inédits, par Ph. A. Grouvelle. — Les mêmes, augmentées de 94 lettres inédites, de 246 lettres auxquelles on a restitué des passages également inédits, et de 256 lettres qui n’avaient pas été réunies à la collection, ou dans lesquelles il a été rétabli des passages imprimés en 1726, en 1734, mais retranchés ensuite ; édition publiée par MM. de Monmerque et de Saint-Surin, 10 vol. in-8, 1818-19.

C’est à Mme de Sévigné que les femmes sont redevables de tenir le premier rang dans un des genres de la littérature ; genre d’autant plus intéressant, qu’il a un rapport direct avec le caractère de sociabilité que l’auteur de la nature donna à l’homme, et qu’il tend, plus que tout autre, à resserrer les liens de la société. Les Lettres de Mme de Sévigné ont un caractère si original, qu’aucun ouvrage du même genre ne peut lui être comparé. Ce sont des traits fins et délicats, formés par une imagination vive, qui peint tout, qui anime tout. Elle y met tant de ce beau naturel qui ne se trouve qu’avec le vrai, qu’on se sent affecté des mêmes sentiments qu’elle : on partage sa joie et sa tristesse ; on souscrit à ses louanges et à ses censures. On n’a jamais raconté tant de riens avec tant de grâces. Ces Lettres ont été si souvent lues et relues, que nous regardons comme inutile d’en extraire et d’en citer des passages qui sont dans la mémoire de tous les lecteurs. Qui ne connaît, en effet, les pages charmantes où elle retrace avec tant d’agrément les anecdotes de la cour la plus brillante et la plus spirituelle de l’univers, et les portraits des personnages intéressants qui composaient cette cour, et les pages sublimes où elle parle de la mort