Page:Revue des Romans (1839).djvu/723

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en scène, ne peuvent prétendre à d’autres louanges qu’à celle d’approcher du mérite de mistress Tabitha Bramble et de Winifred Denkins. Les singularités du jeune et irascible étudiant d’Oxford, et les inclinations romanesques de sa jeune sœur, font un admirable contraste avec le bon sens et la misanthropie un peu brusque et comique de leur oncle. Humphry Clinker aussi est un caractère également curieux dans son espèce, et le capitaine Lismago n’était pas probablement une caricature outrée, si nous considérons les temps et les lieux. Smollet n’a pas manqué, suivant son usage, de se mettre en scène dans le cours de ce charmant ouvrage, et de détailler les divers sujets de plainte qu’il avait contre le genre humain : il paraît d’abord sous le nom de M. Serle, et plus hardiment ensuite sous son propre nom. En décrivant sa manière de vivre, il critique impitoyablement les faiseurs de livres de l’époque, qui avaient profité de sa bonté sans lui témoigner la moindre reconnaissance.

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SOULIÉ (Frédéric), né à Foix (Ariége), en 1800.


LES DEUX CADAVRES, 2 vol. in-8, 1832. — Dans ce titre, on n’aperçoit à l’horizon que le gibet ou les charniers ; le sol est partout inondé de sang ; la peste infecte l’air ; puis tous les personnages, nobles, prêtres, bourgeois, soldats, se font à l’envi bourreaux et déterreurs de cadavres. Au milieu de ce groupe de figures hideuses, il y avait pourtant une douce jeune fille non encore souillée ; mais pouvait-elle rester pure dans l’atmosphère empoisonnée qui l’entourait ? Aussi son amant va-t-il, par un viol exécrable, la flétrir et la déshonorer sur le cercueil même de son père. — Le grand ressort du roman, le gond sur lequel la fable roule tout entière, c’est la haine effrénée et mortelle qui pousse incessamment l’un contre l’autre Rolph Salusby et Richard Barkstead, les deux principaux acteurs du drame. Au commencement de l’action, on les voit, encore tout enfants, s’attaquer de leurs dagues et se blesser sous l’échafaud du roi d’Angleterre Charles Ier ; lorsqu’elle touche à son terme, on les retrouve se battant encore, et, de peur d’interrompre ce duel acharné, dans lequel ils succomberont tous deux, laissant mourir l’un sa maîtresse, et l’autre sa mère, qu’ils pouvaient sauver peut-être, et qui les invoquent en vain tandis qu’ils se déchirent. — Ce livre est une longue exécution, un spectacle atroce, où l’auteur a fait abus de l’horrible au delà de ce qu’il paraissait possible de jamais imaginer.

LE PORT DE CRÉTEIL, 2 vol. in-8, 1833. — Sous ce titre, M. Soulié a rassemblé plusieurs nouvelles, dont les plus remarqua-