Page:Revue des Romans (1839).djvu/726

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de la duchesse d’Avarenne, voisin des forges du général. Il y était en conférence avec la duchesse, lorsque le général d’Aspert se présente le désespoir dans l’âme, et entre dans cette chambre d’où, trente ans auparavant, il était sorti plein d’ivresse. — « L’échafaud réclame notre fils, dit-il à la duchesse ; vous pouvez le sauver ; sauvez-le ! » La duchesse y consent, mais Premitz s’y oppose, et fait arrêter le duchesse et le général. En ce moment entre Lussay qu’un horrible soupçon tourmentait. Premitz, en le voyant, frissonna. Lussay étendit vers lui sa main, et lui dit : « Dormez ! » Premitz voulut en vain se débattre contre cette puissance plus forte que sa volonté ; il tomba dans son fauteuil et dormit. Puis Lussay lui ordonna de signer l’élargissement du général et de Charles, et Premitz signa. Alors Lussay fit venir toutes les personnes que renfermait le château. On se plaça comme pour une séance ordinaire de magnétisme, et la confession de Premitz commença. Elle fut terrible ; Henriette apprit quel était le père de son enfant, et le général quel était son fils. Premitz ayant tout dit, Lussay ne le réveilla pas, mais un coup de poignard l’étendit à ses pieds. Trois ans après, Lussay était mort, et Charles Dumont épousait en Amérique la veuve du général d’Aspert. — Telle est l’action très-dramatique de ce roman, dont le principal défaut est l’absence la plus complète d’un but moral et d’une pensée philosophique.

LE CONSEILLER D’ÉTAT, 2 vol. in-8, 1835. — La fable de ce roman est fort simple. L’auteur suppose un mariage de convenance le mieux assorti, celui qui approche le plus de l’amour, où tous les avantages se rencontrent des deux côtés, la jeunesse, la beauté, l’éducation, mais dont l’union, capable de résister au train ordinaire de la vie, n’est pas à l’épreuve des circonstances extraordinaires et des violentes passions. De Lubois, clerc de notaire, achète la charge et le titre au moyen d’un emprunt de quatre cent mille francs. Camille, orpheline et sans fortune, est livrée par une grande dame qui la protége, comme la condition du prêt. Pendant longtemps le ménage est ce qu’on appelle heureux ; la vie se dissipe en bals et en spectacles ; les égards mutuels tiennent lieu d’un sentiment plus tendre et plus vrai. Cela dure sept ans, au bout desquels de Lubois rencontre sur son chemin une courtisane et une révolution : la révolution renverse sa fortune, et la courtisane son bonheur. La brèche une fois ouverte s’agrandit rapidement ; la perte d’une partie de la fortune du mari, le monde et les amis aidant, dut entraîner la perte de la femme. D’abord vint une femme de mœurs faciles, qui, ne pouvant convertir Camille à son laisser-aller, la compromet et la calomnie. Ensuite arriva une amie de pension, femme forte et dévouée, mais