Page:Revue des Romans (1839).djvu/743

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


et de longues discordes civiles avaient laissé étouffer sous des monceaux de ruines, était bien digne d’occuper le pinceau de Mme  de Staël. Elle a dignement célébré tous les gens de lettres qui ont illustré l’Italie ; mais, en les comparant à ceux des autres nations, nous reprocherons cependant à Mme  de Staël d’avoir parlé un peu trop négligemment de la France, et d’avoir consacré au théâtre anglais quelques hommages exagérés, qu’une saine critique ne saurait avouer. Il ne faut pas toujours prendre de grands effets pour des efforts de génie, et des convulsions sont, au moral comme au physique, des excès dangereux de sensibilité.

LETTRES DE NANINE À SINPHAL, in-12, 1818. — Ce roman est le premier ouvrage de Mlle  Necker, qui le composa à l’âge de dix-huit ans. Dans cet essai d’une plume devenue si justement célèbre, on ne voit point de ces observations fines et délicates que les femmes trouvent presque sans y penser, lorsqu’elles ont acquis cette expérience du monde et que leur donne celle de leur propre cœur ; mais on y découvre des tournures originales, des pensées mélancoliques, et cette affectation à donner un air de profondeur aux choses les plus simples, dont Mme  de Staël ne s’est jamais corrigée, dans le temps même où la supériorité de son talent lui permettait d’exprimer clairement et élégamment les pensées les plus profondes. En un mot, les Lettres de Nanine, depuis la première jusqu’à la dernière page, n’offrent que la peinture des émotions de l’amour ; il n’y a que cela, absolument que cela, et cependant on les lit avec une sorte d’intérêt, parce que cette lecture vous reporte, comme malgré vous, vers ce temps heureux où la vie se compose tout entière d’un sentiment. Les Lettres de Nanine ne font pas partie des Œuvres de Mme  de Staël, et leur authenticité n’est pas parfaitement établie ; mais il paraît aujourd’hui hors de doute que ces Lettres sont bien de l’auteur de Corinne.

On a encore de Mme  de Staël : Zulma et trois Nouvelles, précédées d’un Essai sur les fictions, in-8, 1813. — Les trois Nouvelles sont : Mirza, Adelaïde et Théodore, et l’Histoire de Pauline.

Séparateur
STENDHALL, pseudonyme de Beyle.
Séparateur

STERNE (Lawrence), célèbre littérateur anglais,
né à Clonmel, en Irlande, le 24 novembre 1713, mort le 18 mars 1768.


VOYAGE SENTIMENTAL, trad. par Fresnais, 2 vol. in-12, 1769. — Le même, nouv. édit., suivie des Lettres d’Yorick à Élisa, 2 vol. in-4, fig. 1799. — Aimez-vous Sterne ? Sterne, simple et bon, courant le monde, livrant avec délice sa pensée à un vague aban-