Page:Revue des Romans (1839).djvu/765

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


TOUCHARD-LAFOSSE, fécond romancier.


LE LUTIN COULEUR DE FEU, ou mes Tablettes d’une année, in-12, 1821. — Le Lutin de M. Touchard a le ton brusque, l’humeur gaie, la saillie franche et spirituelle ; souvent le naturel du Diable de le Sage, et une forte teinte d’officier de cavalerie. Il fronde librement et parle d’abondance, quoiqu’avec pureté. On aurait peut-être quelques mots à lui dire sur ce qu’il a fait grande et très-grande la part de l’esprit malin ; mais à quoi bon censurer les mœurs, si ce n’est avec force, et quelquefois avec amertume. Du moins n’y a-t-il pas de misanthropie dans ce Lutin couleur de feu, qui est parfois couleur de rose, et qui prend de temps en temps la couleur plus foncée de Pigault-Lebrun dans ses bons moments.

L’HABIT DE CHAMBELLAN, ou les Jeux de la fortune, 4 vol. in-12, 1827. — On voit dans ce roman une fille naturelle de Louis XV, Mlle  d’Olbreuse, qui, pendant l’émigration, a connu à Londres le comte d’Angerville, dont elle a eu un fils. Sous le nom d’Ulrique, et retirée dans une maison de sœurs hospitalières, Mlle  d’Olbreuse, qu’un décret a rappelée en France, jouit à la cour de Napoléon d’un certain crédit ; elle en profite pour obtenir une clef de chambellan à son ancien ami, en exigeant de lui qu’il fera donner à leur fils une brillante éducation. Mais celui-ci, sorti du lycée et placé ensuite dans les gardes d’honneur, doit à sa valeur des distinctions plus flatteuses, des grades, des décorations, et le titre de baron. Blessé à la bataille de Leipzig, il est recueilli chez un riche libraire de cette ville, tout dévoué à la nation française, et dont la fille devient bientôt amoureuse du jeune officier. Celui-ci ne reste point insensible aux aimables qualités de sa belle garde-malade ; mais un voyage en chaise de poste, tête à tête avec une demoiselle Laure, qui court après un autre séducteur français, lui fait bientôt oublier ses serments. De là une double intrigue amoureuse, qui permet à l’auteur d’amener entre les deux sentimentales Allemandes une lutte généreuse, dont l’issue est la retraite de Laure dans un couvent, et l’union des deux amants. — Cet ouvrage appartient à l’école de Pigault-Lebrun ; mais les caractères n’y portent point l’empreinte originale du crayon qui a tracé les portraits de M. Botte et de Mon oncle Thomas.

LA PUDEUR ET L’OPÉRA, 2 vol. in-12, 1833. — Le principal personnage de ce roman est une jeune fille que sa vocation appelle à parcourir la carrière difficile de l’opéra. Grâce aux bons procédés d’un ouvrier ébéniste, nommé Jean Nicot, Victorine s’élance d’une condition inférieure à la position brillante de cantatrice distinguée. Dans le but de partager ses appointements, un intrigant, M. de Saint-Are, s’attache à ses pas et parvient à s’en faire ai-