Si tout ce qui touche, de près ou de loin, à l’héroïque Pucelle inspire en temps ordinaire un vif intérêt, il semble que cette attraction grandisse en des jours troublés comme les nôtres, et que les yeux se reportent avec une admiration plus pieuse sur la grande figure dont, hier encore, nous rêvions la réapparition. C’est donc une bonne fortune que d’avoir à signaler un document nouveau se rattachant ; à son histoire. Et l’on ne saurait nier que les fausses Jeanne d’Arc, aussi bien que les faux Louis XVII et tous les autres usurpateurs du même genre, appartiennent indirectement à l’histoire du personnage authentique : n’y a-t-il pas, en effet, dans l’imposture qui s’affuble d’un nom glorieux, et dans la crédulité populaire qui la fomente en l’accueillant, un hommage involontaire envers le héros ainsi supplanté, un témoignage de l’opinion contemporaine sur son compte ?
A première vue, l’on s’explique difficilement comment, après le supplice si éclatant de Jeanne d’Arc, une femme, une jeune fille put avoir l’audace de se faire passer pour elle, et, chose plus étrange, réussir dans cette tentative. Le fait se produisit pourtant, et, paraît-il, à plusieurs reprises. Mais je n’ai à parler ici que de la principale de ces criminelles tentatives, et je vais d’abord en présenter le récit d’après les textes recueillis jusqu’à