Page:Revue des questions historiques, Tome X, 1871.djvu/564

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nouvelle Iphigénie, la tendance des esprits était la même. Suivant la remarque de M. Vallet 3, la bergère de Domremy partageait le privilége de tous les héros, depuis le roi Arthur jusqu’à Napoléon : elle devait vivre malgré tout, et elle allait reparaître.

Elle reparut bientôt. Le 20 mai 1486, à la Grange-aux-Ormes, près du bourg de Saint-Privat, situé à une lieue de Metz, on amenait une jeune fille qui se donnait pour « la Pucelle de France, » et demandait à parler à plusieurs seigneurs de la ville réunis en ce lieu. Aucun document n’indique d’où elle venait, qui elle était, qui l’amenait. Le doyen de Saint-Thibaud, en rapportant cette première manifestation 4, dit seulement que l’inconnue se faisait appeler Claude. Mais, comme il croyait alors que c’était effectivement « la Pucelle Jehanne, » il est naturel qu’il ait tenu son nom de Claude pour emprunté : il est probable que c’était, au contraire, son véritable nom, et qu’elle usurpa dès lors celui de Jeanne, comme le voulait son rôle. Ce dernier lui est attribué, d’ailleurs, par tous les autres textes ; on peut donc le lui laisser ici.

Son âge paraissait se rapporter parfaitement à celui de la vraie Jeanne. Elle était, comme elle, brune 5, vive, énergique, et la ressemblance était assez grande, sous son costume d’homme, pour que l’illusion fut complète. Nicolas Lowe, Albert Boullay, Nicolas Grongnot et les autres personnages