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Page:Revue des questions historiques, Tome X, 1871.djvu/579

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L’injonction faite à Jeanne des Armoises par le roi René mit une fin forcée à sa vie d’aventures. Le costume et le métier militaires lui étaient désormais interdits formellement. Du reste, elle devait avoir alors environ quarante-cinq ans : il était grand temps pour elle de renoncer à une existence aussi peu honorable que fatigante. Il ne lui restait plus qu’à ensevelir dans l’oubli les traces de sa longue et téméraire supercherie : laissons, à notre tour, au reste de sa carrière le bénéfice de l’obscurité. Par un juste retour de la fortune, au moment même où elle rentrait définitivement dans l’ombre, la figure de la véritable héroïne, éclairée par une réhabilitation tardive, revenait au grand jour de la vérité et de la gloire.

En somme, qu’y a-t-il au fond de toute cette affaire, et comment l’histoire doit-elle la juger ? Il est difficile d’admettre qu’une jeune fille ait seule conçu et exécuté le plan d’une pareille mystification. Une ressemblance étonnante et fortuite peut lui en avoir suggéré l’idée. Mais il s’est au moins trouvé, pour l’exploiter, un concours d’ambitions et d’intérêts étrangers. Une intrigante, réduite à elle-même, eût échoué dès les premiers pas. Au lieu de cela, elle rencontre des appuis de