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nique de Ranulph Higden est bien connue, et peut être consultée avec beaucoup de fruit ; mais elle intéresse surtout les Anglais par la traduction qu’en a faite Jean Trevisa. Cette traduction est un des meilleurs spécimens de la langue du XIVe siècle ; le manuscrit existe encore, et les bibliographes aiment à penser que la première édition fut imprimée par le célèbre Caxton. M. Lumby, d’après les ordres du garde des archives, a publié la chronique de Higden en latin et en anglais ; il a ajouté à la version de Trevisa une autre traduction qui fait partie du manuscrit 2261 de la collection Harléienne, au British Museum, et qui semble avoir été écrite entre les années 1432 et 1450. Avec les préfaces, les notes et les tables, cette chronique en trois volumes ne laisse rien à désirer, et elle méritait incontestablement les honneurs d’une édition irréprochable. Ranulph Higden, on peut le dire, a été pendant le moyen âge le compilateur à la mode ; on le citait à chaque instant, et les merveilleuses légendes qu’il nous raconte faisaient autorité. Son ouvrage, divisé en sept livres, est une véritable encyclopédie d’histoire et de géographie. Le premier livre est pour ainsi dire, et c’est même ce que l’auteur l’appelle, une carte du monde ; on y trouve une description abrégée des pays connus alors, suivie de détails plus circonstanciés sur la Grande-Bretagne. Vient ensuite, dans la seconde division, le récit de l’histoire du monde depuis la création jusqu’à la destruction du second temple par Nabuchodonosor. Le livre troisième nous conduit jusqu’à la naissance de Notre-Seigneur. Avec le quatrième, nous voyons se dérouler le tissu des événements qui aboutissent à l’arrivée des Saxons en Angleterre. Le cinquième traite de l’invasion des Danois. Dans le sixième nous est racontée l’histoire de la conquête normande, et enfin le septième et dernier mène le lecteur jusqu’au règne d’Édouard III. Ranulph Higden ne prétend pas le moins du monde à la dignité d’écrivain original ; ses sources sont Pierre Comestor pour l’histoire sacrée, Geffroy de Monmouth et Alexandre Neckham pour la profane. Quant à Jean Trevisa, le traducteur anglais du Polychronicon, c’était aussi un ecclésiastique. Il suivit les cours de l’université d’Oxford comme membre du collège de Stapledon (maintenant Exeter), puis du collège de la reine ; il obtint plus tard le bénéfice de Berkeley dans le Gloucestershire, et en même temps le poste d’aumônier de Thomas, lord Berkeley. L’érudition de Trevisa ne paraît pas avoir été fort remarquable, mais, comme je l’ai dit déjà, sa traduction est très-précieuse au point de vue philologique. Nous y trouvons un modèle de l’anglais, tel qu’il se parlait il y a cinq cents ans.

— J’ai à citer sur l’histoire des Indes un ouvrage remarquable[1] et

    Published by the Authority of the Lords Commissionners of Her Majesty’s Treasury, under the Direction of the Master of the Rolls. London, Longmans and Co., 1871, in-4o.

  1. The Chronicles of the Pathan Kings of Dehli. Illustratred by Coins, Inscriptions, and other Antiquarian Remains. By Edward Thomas. London, Trübner and Co., 1871, in-8o.