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CHRONIQUE


Sommaire : Les incendies de la Commune : indication de quelques modes de préservation. — L’enseignement de l’histoire dans les lycées et collèges. Nécessité très-pressante d’une réforme absolue. — L’évêque d’Angers et son activité dans la sphère de l’enseignement supérieur ecclésiastique. — Bouquet de nouvelles. — Le nouvel Inventaire général sommaire des Archives nationales. — Ce que nous avons perdu depuis un an : les Archives de l’assistance à Paris et les Bibliothèques de Strasbourg. Une protestation indignée de M. Reuss. — Nécrologie : MM. Pierre Clément, Desplanque et d’Armailhac. — Une histoire vraie d’où l’on peut tirer une moralité très-actuelle. — Conclusion.


I


Lorsque j’écrivais ma dernière Chronique au milieu de tant de ruines accumulées par les Prussiens, je ne m’attendais guère à écrire celle-ci au milieu d’autres ruines plus lugubres encore et moins facilement réparables. Il faut en prendre son parti : l’humanité civilisée se divise en deux camps : ceux qui brûlent et ceux qui sont brûlés. Je désire vivement appartenir toujours au second camp, malgré certains inconvénients que je ne sais pas me dissimuler.

Cependant, je voudrais fonder une « compagnie d’assurances » qui pût nous mettre à l’abri de l’universel incendie, et quand je dis nous, je pense surtout aux études et aux documents historiques. Oui, il faut très-sérieusement songer à garantir nos Bibliothèques et nos Archives, et je vais indiquer ici quelques moyens « préservatifs. » De toutes les « questions historiques, » c’est aujourd’hui la plus actuelle[1].

Je ne m’arrêterai pas longtemps aux moyens matériels. Si j’étais

  1. Le Journal des Débats disait récemment, en consacrant une intéressante notice au Missel de Jouvenel des Ursins, détruit par l’incendie de l’Hôtel de Ville : « Il faut aujourd’hui songer à préserver ce qui nous reste. Rappelons-nous sans cesse que, cette fois, ce ne sont pas seulement les monuments qui représentaient la Religion, la Féodalité, la Monarchie, qu’une secte impitoyable et sauvage a juré d’anéantir ; mais c’est encore tout ce qui est grand, tout ce qui est noble, tout ce qui est beau dans l’histoire, dans la poésie, dans l’art ; en un mot, tout ce qui est immatériel.