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UNE ÉPOPÉE BABYLONIENNE

IS-ṬU-BAR — GILGAMÈS

INTRODUCTION

À mesure que l’on parvient à se débrouiller dans le chaos des documents primitifs, la basse Chaldée apparaît chaque jour plus clairement, dans le lointain des origines, comme la terre classique de la légende. Sur ce sol plantureux, les mythes semblent avoir poussé spontanément, de même qu’autrefois, dit-on, y venaient sans culture les beaux palmiers et les moissons opulentes. Mais, comme une organisation habile fit de cette plaine, aux temps antiques, la contrée la plus fertile du monde, aussi une savante direction en fit-elle le pays le plus fécond en légendes. Le riche fonds naturel, sur lequel travaillaient les mages, produisit de bonne heure, grâce à leurs soins, une floraison inespérée de mythes. Une telle éclosion est aisée à expliquer. En des âmes neuves, toute notion religieuse, fait, idée ou conjecture, éveille aussitôt une image et se traduit dans un mythe. Or, ici les notions ne pouvaient manquer, car les prêtres chaldéens, vi-