Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/230

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C’est là proprement l’Aral, auquel on donnait encore divers autres noms. Tantôt, en effet, il était pris pour la terre elle-même, tantôt, il était désigné comme le pays des ténèbres, le séjour des ombres (sulu), le sheol des Hébreux. On se le figurait bâti à la façon d’une forte citadelle ou d’une vaste prison, fermée de toutes parts à la lumière, éternellement plongée dans la nuit. Situé dans le voisinage des eaux de la mort, l’Aral semble bien avoir communiqué, par quelque endroit, avec l’abîme et le puits aux eaux jaillissantes.

Au-dessous de l’Aral, avec lequel il est relié par des couloirs secrets, s’étend l’abîme [1], qui ne paraît pas distinct et du puits aux eaux jaillissantes et de la bouche des fleuves.

Tel nous apparaît, d’après la vieille conception chaldéenne, l’univers pris dans son ensemble : une immense montagne creuse, reposant sur l’abîme, surmontée d’un pavillon étoile, où, de l’Orient à l’Occident, chemine le soleil. Qu’on imagine un vaste édifice comprenant, au rez-de-chaussée, une salle spacieuse unique bien percée, au sous-sol, une cave obscure, assis sur des fondements, qui plongeraient jusque dans les eaux inférieures et terminé par un dôme, qui irait se perdre dans les nues. C’est, démesurément agrandie, une reproduction exacte de l’habitation des riverains de l’Euphrate et du Tigre ou de la tente des nomades, telles quelles sont représentées dans les antiques bas-reliefs. Conception primitive,

  1. L’abîme : II, I, 1, 7 ; VI, 214 ; IX, VI, 38 ; X, VI, 42 ; XI. 204-205, 290, 300-308, 314, 330 ; XII, I, 28-31 ; XII, II, 19-22 ; XII, (?) b, 40, 44, 43 — Sur la communication des enfers avec l’abîme : X, II, 25-27, 42 ; X, III, 50 ; X, IV, 3 ; XI. 204-205, 245-247 (Cf. ibid. 248-253), 290. 300-303 ; XII, I, 28-31 ; XII, II, 19-22 ; XII, (?) b, 40, 44,45.