Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/444

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que la chute de la puissance d’Uruk, causée par les Élamites, et en particulier par Kudurnahunti et sa restauration, accomplie par Gilgamès, auraient eu lieu dans l’intervalle compris entre 2450 et 2250 avant J.-C. L’épopée de Gilgamès, où se retrouve encore vivant le souvenir de tels événements, remonterait à peu près à la même époque [1]. Mais le plus sûr témoignage est sans doute ici celui du poème lui-même. A un endroit [2], se trouve mentionnée la ville de Surippak, comme la cité antique par excellence. Il est question, à un autre endroit [3], « des porteurs de couronnes qui, jadis, gouvernèrent la contrée. » En outre, la situation politique et sociale de la basse Chaldée, telle qu’elle est décrite dans notre poème, nous reporte par delà l’époque historique.

Quant au système religieux, on a fait remarquer [4], avec raison, qu’il était constitué, dès cette époque reculée, comme au temps de Nabonide, que déjà, dans l'épopée de Gilgamès, se retrouve toute entière la double triade des dieux cosmiques et sidéraux. : Anu, Bel et Ea, Samas, Sin et Istar. On no saurait donc tirer de là un nouvel argument, en faveur de l’antiquité de notre poème. Tout au plus pourrait-on faire valoir, dans les divers caractères que l’on prête aux dieux, caractères tantôt physiques, tantôt zoomorphiques et anthropomorphiques, une certaine indécision, qui paraît appartenir à l’époque de transition, sans doute fort ancienne, où s’opérèrent de telles transformations.

  1. G. Smith : Chaldean Account of Genesis, p. 184-191 (Cf. p. 25) et p. 294-294 ; Alf. Jeremias : Izdubar-Nimrod, p. 9 : A. Loisy : Les mythes chaldéens de la création et du déluge, p. 72-73.
  2. XI, 11-13.
  3. XII (?) b, 38.
  4. Alf. Jeremias : Izdubar-Nimrod, p. 9-10.