Page:Revue des religions, Vol 2, 1892.djvu/53

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tête sur une terre vouée au dieu Bel. Je vais plutôt descendre vers la mer, établir ma demeure auprès d’Ea, mon seigneur. Donne-leur cependant de tels avertissements : Voici qu’il se prépare contre vous un déluge, qui détruira tout sur la face de la terre, impitoyablement, les hommes, les oiseaux, les bêtes jusques aux poissons. Vous reconnaîtrez que le déluge est proche à ce signe, fixé par Samas lui-même : Dans la nuit qui précédera un tel désastre, Celui qui assemble les nuages fera tomber sur vous une pluie d’orage. Donc, veillez, prenez bien vos précautions, tandis qu’il est encore temps... [1] »

« Le lendemain, dès que le jour parut, je m’empressai d’accomplir les ordres d’Ea, mon seigneur. Tout d’abord, je prévins de ce qui allait arriver, les habitants’ de Surippak. Mais ils m’écoutèrent d’une oreille distraite, et ne tinrent aucun compte de mes salutaires avertissements. [2] Puis, je me mis à l’œuvre. Ayant réuni sous ma main tous les matériaux nécessaires, je travaillai sans relâche, si bien, qu’en moins de cinq jours, je vis se dresser la charpente de mon navire. La hauteur des parois de la coque était de dix gar, les dimensions du toit mesuraient pareillement dix gar. Je prenais garde, en effet, de ne point m’écarter du plan tracé par le dieu Ea, et je me souvenais de sa parole : « Construis le vaisseau suivant des proportions réglées, de telle sorte que la longueur soit égale à la largeur. »

« Une fois que j’eus ainsi disposé la charpente, j’en reliai les parties entre elles. Dans le vaisseau, je ménageai six étages, qui comprenaient chacun sept

  1. Tab. XI, I. 36-47.
  2. Ceci, quoique ne se trouvant pas sur le texte, mutilé à cet endroit, se laisse facilement suppléer et est exigé pour la suite naturelle du récit.