En présence de cette situation, le président Krüger avait à
choisir entre deux partis : ou bien isoler les Boers ou bien les
moderniser. Il pouvait céder la région des mines à l’Angleterre
en retour de pâturages au Nord et à l’Ouest, échange qui eût été
tout de suite accepté. Il pouvait d’autre part travailler à ouvrir
son pays à la civilisation en créant des chemins de fer, des écoles,
des améliorations de tout genre ; dans le premier cas, il abandonnait
une richesse inutile ; dans le second, il l’utilisait. Le Président
ne fit ni
l’un ni l’autre ;
sans que l’on
puisse relever
contre lui personnellement,
de charges graves,
il faut bien
reconnaître
aujourd’hui
que son gouvernement a
été l’un des
plus corrompus
de l’univers
et que,
nulle part, le
honteux abus
des « pots de
vin » n’a atteint
de pareils
chiffres. Aussi, rien qu’entre 1886 et 1899, le total des traitements
distribués aux fonctionnaires du Transvaal passa de près
d’1,500,000 francs à près de 30,500,000. Cela faisait environ
300 francs par tête d’habitant mâle. Et malgré que le budget
de l’État eût grandi jusqu’à 100 millions de recettes annuelles,
les dépenses dépassaient presque chaque année les recettes.
De fâcheux scandales électoraux et financiers éclatèrent à diverses
reprises ; tout cela sans que rien se fut amélioré dans la
situation matérielle ou intellectuelle des Boers et sans même
que la bourgade de 10,000 habitants, qui leur sert de capitale,
réussit à devenir une ville.