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Page:Revue du Pays de Caux n2 mars 1903.djvu/37

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L’IMPASSE RUSSE

de gouvernement qui lui manquent. En rendant aux différentes portions de son empire leur vie propre, il réaliserait pour l’ensemble, ces conditions d’équilibre, d’élasticité et d’émulation hors desquelles, aucune prospérité n’est durable.

Car gouvernement et prospérité ne sont point séparables. Le mot du baron Louis : « Faites-moi de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances » demeure éternellement vrai. La substitution d’une entreprise de progrès matériel — la mise en valeur de la Sibérie — à des luttes stériles d’influence religieuse ou militaire, ne saurait tenir lieu de réformes gouvernementales. L’autocratie Russe n’en est pas moins une impasse. L’homme qui fait des affaires a besoin d’être libre tout comme celui qui lance des idées ; le passeport et la police, la censure et la bureaucratie sont des entraves, dont ni l’un ni l’autre ne peuvent s’accommoder. Mais comment y échapper ? Nous venons de voir que la Russie elle-même n’en fournissait pas les moyens. Par bonheur, il y a des pays annexés moins robustes qu’elle, moins débordants de sève, mais infiniment plus souples, et d’autant plus aptes à guider son émancipation, qu’un tel avenir pour eux, ne serait que la suite logique du passé, la reprise de leurs traditions les plus chères.

L’heure est venue de reculer ; c’est la seule façon de sortir d’une impasse.


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DEUX MOTS SUR LA FINLANDE



Nos lecteurs comprendront qu’il nous soit impossible d’entrer dans le détail des grandes questions que nous venons d’énumérer. Il en est une pourtant sur laquelle nous voulons ajouter deux mots. Les russomanes, dans leur désir de trouver de bons arguments en faveur de tout ce qui se décide à Pétersbourg, ont coutume de prétendre que le tsar n’était lié par aucun texte constitutionnel à l’égard de ses sujets Finlandais et que, d’ailleurs, il a libéré les Finnois du joug que faisait peser sur eux l’aristo-