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REVUE DU PAYS DE CAUX

cratie Suédoise de Finlande. Cette tyrannie se serait manifestée surtout par l’interdiction de donner l’enseignement en Finnois dans les écoles. Ces deux ordres de faits sont également controuvés.

C’est Alexandre ier qui, sous sa forme politique actuelle, a été l’organisateur du grand-duché et il s’est engagé solennellement à en respecter les institutions. Un demi-siècle plus tard, Alexandre ii ratifiait un article organique voté par la Diète et ainsi conçu : « Aucune loi fondamentale ne pourra être faite, modifiée, interprétée ou abrogée que sur la proposition de l’empereur grand-duc et du consentement de tous les ordres ». Le texte est d’une clarté évidente.

Quant aux écoles Finnoises, voici une intéressante statistique publiée dans le Temps par M. René Puaux : il y avait en Finlande, en 1898, 1.356 écoles rurales de langue Finnoise contre 274 de langue Suédoise, 17 des deux langues et seulement 3 de langue Russe. Ces écoles étaient fréquentées par 72.991 élèves, soit 61.597 pour les écoles Finnoises, 11.278 pour les Suédoises et 116 pour les Russes. Dans les écoles urbaines, 19.314 enfants recevaient l’enseignement en Finnois et 6.603 en Suédois. C’est une proportion d’un à cinq, proportion rigoureusement équivalente à la situation numérique des deux nationalités. En présence de ces chiffres, qui oserait soutenir qu’un des éléments (le plus nombreux) ait été opprimé par l’autre ? D’ailleurs Finlandais de race Suédoise et de race Finnoise sont unis dans une même protestation, dans une même résistance à la tyrannie Russe, bien réelle celle-là.

Puisse cette résistance être assez durable et assez énergique pour donner au gouvernement impérial le temps de comprendre la criminelle folie qu’il a entreprise : c’est notre vœu d’amis de la Russie, car la Russie, nous l’avons dit plus haut et nous tenons à laisser nos lecteurs sur cette pensée — n’est gouvernable qu’en tenant compte des différences essentielles qui distinguent ses peuples et en donnant satisfaction à leurs légitimes aspirations. Hors de cela, point de salut ; hors de cela, ce seraient la révolution forcée, la course à l’abîme obligatoire.


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