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Page:Revue du Pays de Caux n3 juillet 1902.djvu/11

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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

Franco-Russe. Il doit bien y avoir quelque accord annexe relatif à l’érection de la Bulgarie en royaume. C’est là le vif désir du prince Ferdinand ; mais le moment n’est pas encore venu d’en parler. En attendant, le futur roi met au service de la Russie, en cas de guerre, toutes les forces dont il dispose et lui assure l’usage de deux ports et le droit de créer un dépôt de charbon sur les côtes. La Russie en retour, le garantit contre toute attaque. La situation se précise donc dans les Balkans. Voilà un des grands États de la péninsule Balkanique complètement inféodé à l’un des deux systèmes Européens ; la Roumanie, déjà, incline du côté de l’autre et tend à y entraîner la Grèce ; le Montenegro est immuable dans ses préférences ; la Serbie s’est dégagée des influences viennoises et se tourne vers Pétersbourg. Avant longtemps le classement sera achevé et les États Balkaniques embrigadés. Le fait est trop grave pour qu’on ne le signale pas à l’attention de tous.

En Arménie.

La difficulté de faire quelque chose pour les Arméniens ne provient pas, comme on le croit très généralement, de la mauvaise volonté des puissances. Leur apathie est sans doute blâmable, mais elle a des excuses. Qu’est-ce, en effet, que l’Arménie ? Il y a des Arméniens répandus à travers toute l’Asie-Mineure. Nulle part ils ne sont en majorité. Ils ne forment guère que la moitié des chrétiens, lesquels forment eux-mémes moins du cinquième de la population. Il ne saurait donc être question d’autonomie, et le plus sûr moyen de compromettre une cause, en elle-même généreuse et juste, c’est d’avoir l’air de limiter aux seuls Arméniens le bénéfice des réformes qu’on réclame de la Porte. Ces réformes doivent s’appliquer non seulement aux autres chrétiens, mais aussi aux Musulmans qui sont l’énorme majorité et souffrent, à l’occasion, de véritables persécutions. Arméniens, Grecs, Albanais, Turcs même sont soumis à un régime déplorable, à la fois sanguinaire et corrompu. Il faudrait modifier du tout au tout, cet état de choses. Le gouvernement Ottoman pourrait seul y réussir. Par malheur, s’il en a les moyens, il n’en a pas la volonté. L’article 61 du traité de Berlin et le traité Anglo-Turc de 1878 ont en vain stipulé l’amélioration du sort des populations chrétiennes de l’empire Turc. Jamais aucune des réformes promises n’a été exé-