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REVUE DU PAYS DE CAUX

pour devenir un coureur ou un nageur de profession, l’homme doit se faire en quelque sorte une seconde nature ; pour devenir un solide marcheur, il lui suffit de s’entraîner normalement. En pays de montagne, la marche se transforme en alpinisme ; mais la plaine ne doit pas se croire placée dans un degré de trop grande infériorité par rapport à la montagne, dans la formation du marcheur ; les longues courses en pays plat sont éminemment favorables au développement des qualités nécessaires ; il faut seulement les régler avec soin, les allonger et les espacer de façon judicieuse. Le but à atteindre, c’est le raid, c’est-à-dire la course démesurée exécutée sans dommage, à l’improviste. Beaucoup de gens se croient de vigoureux marcheurs parce qu’ils ont coutume de fournir quotidiennement un certain nombre de kilomètres. Ainsi pratiqué, cet exercice représente une énorme perte de temps et des bénéfices incertains. Le corps s’accoutume à la dose de travail demandée et ne sait rien donner au-delà. L’expression de marches forcées indique comment on doit procéder dans l’entraînement : il faut, de temps à autre, forcer la dose pour laisser s’écouler ensuite une période de repos. Le marcheur, en un mot, doit être toujours prêt à se dépenser — et ne pas le faire inutilement.

L’équitation est une gymnastique en premier lieu ; c’est, en continuant de s’y exercer, une science, et pour celui qui pousse encore plus loin, cela devient un art. Cette triple division indiquée par un professeur Parisien, M. H. Jamin, est très juste. Laissant de côté, le cas exceptionnel où vous auriez à portée les ressources — et où vous possèderiez les connaissances qui vous permettraient de faire de vos fils des cavaliers accomplis, il n’y a pas de motif pour que vous ne cherchiez pas à les conduire au-delà du premier degré, c’est-à-dire à les familiariser avec les éléments de la gymnastique équestre. Nous en avons déjà parlé à propos de la voltige. Sauter à cheval est fort bien ; mais il faut s’y tenir et surtout s’y tenir longtemps. Il s’est introduit dans l’enseignement de l’équitation des tendances quintessenciées. Dès qu’un jeune homme enfourche un cheval, il semble qu’il se soit engagé à devenir un écuyer ; tout ou rien. Il sera capable de monter un pur-sang ou bien c’est inutile qu’il apprenne rien. Et l’endurance, qu’en faites-vous ? Ne méprisez pas le gros cheval lourd qui sert à vos travaux ou que votre voisin vous prêtera et, si vous n’avez pas de selle, que vos garçons le montent à poil, plusieurs heures durant ; car on ne se rend pas compte, en général, combien les meilleures