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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

hommes d’État, et l’un des plus habiles, il est vrai, et des plus fructueux qui se puissent employer.

La revanche de M. Delcassé.

Elle a été spirituelle, prompte et complète. Notre ministre des Affaires Étrangères, dont les querelles de parti nous empêchent de reconnaître assez la pondération, la haute intelligence et le patriotisme si éclairé est passé maître dans l’art de « retourner» une situation comme on retourne une crêpe, et d’en tirer précisément l’inverse de ce qui devait logiquement en sortir. N’ayant pu obtenir une modification dans le traité de la Triple Alliance à l’heure de son renouvellement (sans doute parce que le texte en était déjà trop vague et trop général pour qu’on pût en rien retirer), le ministre s’est fait interpeller par un député et en a profité pour faire à la Chambre une déclaration d’un extrême intérêt. Il en résulte que le gouvernement Italien a été amené à donner au gouvernement Français des explications tout à fait satisfaisantes sur la portée des engagements qu’il avait pris. Toute l’Europe sait maintenant qu’« en aucun cas et sous aucune forme, l’Italie ne peut devenir ni l’instrument ni l’auxiliaire d’une agression contre la France. » Dès lors, comme a ajouté M. Delcassé, « rien ne s’oppose plus au développement d’une amitié qui a eu déjà des conséquences fécondes. » Peut-être, à Rome, ne s’attendait-on point à une manifestation si solennelle, en plein Palais-Bourbon. Mais on en a pris son parti et d’autant mieux que le roi d’Italie allait se rendre à Pétersbourg où il devait être accueilli avec d’autant plus de sympathie que ses rapports avec l’alliée de la Russie étaient meilleurs. Comme l’a dit le ministre Français, il n’y a plus qu’à laisser aller les choses et bientôt entre les deux sœurs latines, la réconciliation sera complète. Un peu de vigilance seulement, pour que le flirt avec l’Angleterre n’entraîne pas trop loin les hommes d’État de la péninsule.

Constantinople et Jérusalem.

Il y aurait bien aussi un petit point noir à l’Orient. Le Sultan qui, depuis l’occupation de Mitylène, conserve quelque rancune