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et leur séjour sur ce siège inconfortable serait si bref qu’ils n’auraient pas le temps d’amasser des souvenirs pour leurs vieux jours. L’Albanie n’est déjà pas bien grande ; telle qu’elle est, il faudrait encore la diviser pour régner sur elle. Les Ghegs du Nord, moitié pâtres, moitié soldats, ne sont pas aptes à s’entendre avec les Tosks du Sud plus volontiers commerçants ou industriels, et menant un genre de vie bien différent. Ajoutez aux querelles de races les querelles religieuses ; chez les Ghegs, il y a une forte communauté de catholiques appelés les Mirdites ; les autres chrétiens sont orthodoxes, 500.000 environ contre 1.000.000 de Musulmans. Les gens qui ont mauvaise opinion de l’Albanie prétendent que cela fait un total de 1.500.000 pillards. Ce qui est certain, c’est que tant par suite des insurrections que des vendettas qui arment familles et individus les uns contre les autres, un bon tiers des habitants de cet heureux pays a coutume de périr de mort violente. On peut croire que le monarque, s’il en venait un, n’attendrait pas longtemps l’agrément de recevoir une balle ou un coup de poignard. Quant à l’idée d’établir en pareil lieu une République démocratique, elle ne se discute même pas.

Mouvements diplomatique et préfectoral.

Un mouvement fort important — nous n’avons pas souvenance qu’il y en ait jamais eu un pareil — vient d’avoir lieu dans le personnel de nos ambassades. Il a eu pour point de départ la retraite du marquis de Montebello, ambassadeur à Saint-Pétersbourg, et celles du marquis de Noailles, ambassadeur à Berlin, et de M. Patenôtre, ambassadeur à Madrid. C’est le directeur des Consulats, M. Maurice Bompard qui remplace M. de Montebello en Russie. M. Bihourd, ambassadeur à Berne est nommé à Berlin. M. Jules Cambon, ambassadeur à Washington va à Madrid. M. Jusserand, ministre à Copenhague, devient ambassadeur à Washington. M. Raindre, directeur des affaires politiques devient ambassadeur à Berne. Il est remplacé par M. Cogordan, ministre au Caire, lequel cède cette place à M. de la Boulinière, ministre à Sofia où il est lui-même remplacé par M. Bourgarel, ministre à Teheran. C’est tout un chassé-croisé complété par la nomination de M. Grozier à Copenhague. M. Georges Louis devient directeur des Consulats. La caractéristique de ce grand mouvement, c’est