Page:Revue du Pays de Caux n5 novembre 1902.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
REVUE DU PAYS DE CAUX

l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Suède, est actuellement soumis au Parlement de Paris. Il comporte la suppression simultanée de toutes les primes et l’engagement par les puissances signataires de surtaxer les sucres du pays qui viendrait à les rétablir. On sait par quelle habile et audacieuse proposition de dégrèvement, notre ministre des Finances compte pallier, au point de vue national, les pertes qui pourraient résulter de cette législation internationale, devenue — il faut bien le reconnaître — absolument nécessaire.

Un Ministre populaire.

Le baron de Rio Branco, nommé ministre des Affaires étrangères par le nouveau président de la République du Brésil, a fait, à Rio de Janeiro une entrée triomphale. Une certaine galiote, ayant appartenu à Jean VI de Portugal, est allée le quérir à bord du navire qui le ramenait d’Europe ; il a traversé des rues pavoisées en son honneur, a reçu des ovations sans nombres et des adresses enthousiastes, et, finalement, s’est vu l’objet d’une véritable fête nationale à laquelle toute la population a pris part. Don Pedro, dans tout son règne impérial, n’avait pas été aussi acclamé. C’est que M. de Rio Branco a été, pour son pays, un conquérant pacifique et sans qu’il n’en ait rien coûté à la République, il a su, par sa diplomatie avisée et prudente, lui ménager, au loin, de magnifiques succès. Dans le territoire des Missions et dans la Guyane, le Brésil avait avec la République Argentine et avec la France des différends pour lesquels les arbitrages des États-Unis et de la confédération Suisse avaient été proposés et acceptés de part et d’autre. Or, ces deux affaires se sont dénouées dans un sens favorables aux intérêts Brésiliens, dont M. de Rio Branco défendait les prétentions. De là, la très vive reconnaissance que lui témoignent ses compatriotes à son retour dans la patrie dont il était éloigné depuis quinze ans, et qu’il a si bien servie.

Il n’est pas mauvais de rappeler, à ce propos, les conditions dans lesquelles se posait le contesté Franco-Brésilien auquel mit fin l’arbitrage du gouvernement Suisse. L’origine en remontait à 1688. Cette année-là, Louis XIV réclama la rive gauche de l’Amazone comme limite méridionale de la colonie de Cayenne. Le gouvernement Portugais prétendit au contraire que ses possessions du