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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

Brésil s’étendaient jusqu’à la rivière qu’on nomme aujourd’hui l’Oyapock. En 1697, les Français s’étant emparés de Macapa, situé sur la rive gauche de l’Amazone, un traité intervint, trois ans plus tard, qui neutralisa le territoire contesté. Ce traité ayant été rompu par l’entrée du Portugal dans la ligue formée contre la France, le traité d’Utrecht (1712) stipula que Louis XIV renonçait à ses droits et à ses prétentions sur les terres situées entre l’Amazone et la rivière Japoc ou Vincent-Pinson. C’est autour de ce cours d’eau que le débat s’est éternisé. Le terme indien Japoc pouvant s’appliquer à toutes les rivières, la France ne cessa de prétendre que le Japoc du traité d’Utrecht n’était autre que l’Aragouary, alors que le Brésil voulait y voir l’Oyapock actuel. Quand le Brésil fut devenu indépendant, il offrit une transaction ; la frontière serait formée par la limite du Carsevène et les monts Tucumaque. La France refusa exigeant bien davantage. C’est en 1894, la découverte des placers aurifères du Carsevène qui porta le conflit à l’état aigu. De nombreux chercheurs d’or affluèrent dans ce territoire sans maîtres où l’anarchie régna. Un chef Brésilien ayant arrêté un nègre subventionné par le gouverneur de Cayenne, celui-ci envoya une canonnière à Amapa avec ordre de libérer le nègre. Un combat eut lieu dans lequel périt le capitaine Lunier. Comme le gouverneur de Cayenne avait agi sans ordres de Paris, M. Hanotaux proposa de soumettre à un arbitrage ce litige circulaire.

L’arbitre donna entièrement raison au Brésil qui gagna de la sorte près de 400.000 kilomètres carrés riches en placers aurifères et en plaines propices à l’élevage du bétail et aux cultures tropicales variées.

Autour du Panama.

La Colombie joue un jeu imprudent. Le canal de Panama étant creusé sur son territoire, elle tient la dragée haute aux États-Unis pour consentir à la cession du canal par la compagnie Française aux Américains. Nous avons déjà indiqué quelles étaient les conditions de la dite cession. Or, si la route de Panama a conquis la majorité dans le congrès de Washington, cette majorité n’est ni si ancienne, ni si considérable qu’elle ne puisse très rapide-