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REVUE DU PAYS DE CAUX

Unis, le gouvernement colombien faisait le plus grand tort à la population panamienne ; on avait eu l’imprudence, à Bogota, de laisser périmer, sans le voter, le traité permettant aux États-Unis de terminer le canal. Tout faisait craindre dès lors que le projet du canal de Nicaragua ne l’emportât définitivement à Washington, ce qui eut trompé cruellement les espérances les plus légitimes des Panamiens et les eut quasi ruinés. Que leur importe après tout d’être Colombiens ou indépendants, ou même annexés quelque jour aux États-Unis ; leur patrie, c’est le canal. Voilà pourquoi ils se sont révoltés et ont fait appel à l’oncle Sam. Quant à M. Buneau-Varilla, le pur patriotisme français l’a inspiré. Si le projet nicaraguen l’emporte, c’est l’échec définitif d’une entreprise à laquelle le nom de la France reste et restera toujours attaché ; si au contraire les Américains achèvent le percement commencé par nous, la gloire en rejaillira sur notre pays. Ingénieur de la compagnie de Panama, M. Buneau-Varilla a fait naguère l’impossible pour la relever. Battu de ce côté-là, il prend une brillante revanche ; il a agi en bon Français, et nous espérons que le gouvernement l’en récompensera.

Échec radical en Norwège.

Le radicalisme s’était si bien implanté en Norwège que l’échec récemment subi par lui est fait pour surprendre. À vrai dire le tempérament essentiellement radical du pays n’a pas changé ; il s’agit plutôt d’une de ces coalitions momentanées qui se nouent parfois entre partis adverses, dans le but de faire aboutir quelque réforme déterminée et dont la durée est nécessairement limitée à l’objet pour lequel elles se sont formées. En l’espèce, il s’agit toujours des relations extérieures que la Norwège prétend régir à son gré, indépendamment de la Suède. Non seulement il lui faut des consulats distincts, des consuls à elle — réforme dont la diversité géographique des deux pays et, partant, de leurs intérêts commerciaux explique la réelle importance — mais elle voudrait encore un ministre et un ministère spéciaux. Ceci, comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, ne rime à rien. D’une part, la politique générale de la Suède et celle de la Norwège ne diffèrent pas sensiblement l’une de l’autre ; toutes deux doivent suivre une ligne sincèrement et loyalement favorable au scandinavisme ; d’autre part, s’imagine-t-on en quel grabuge