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LA FRANCE ET L’ITALIE

sans trop de regrets, s’effondrer le césarisme qui les mettait à de telles contributions.

Ils le regrettèrent néanmoins par comparaison avec ce qui suivit. Le résultat le plus clair des congrès de Vienne de 1814 et de 1815, en ce qui concerne la péninsule, fut d’y organiser la domination autrichienne. L’empereur d’Autriche régna sur le Milanais et la Venetie par l’entremise d’un archiduc qui vint le représenter à Milan ; deux autres archiducs régnèrent à Florence et à Modène ; l’impératrice Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche par sa naissance — se vit attribuer le duché de Parme ; le pape et le roi de Naples recouvrèrent leurs états et furent invités à prendre à Vienne leur mot d’ordre ; le roi de Sardaigne restauré, lui aussi, se trouva sous la surveillance du gouvernement de Milan. Pour apprécier à quel point la revanche de l’Autriche sur Napoléon fut complète, il ne faut pas regarder la France qu’on épargnait par égard pour Louis XVIII, il faut regarder l’Italie. Presque rien n’y survécut de ce que nous avions restauré ; presque tout fut rétabli de ce que nous avions détruit ; un seul point fut négligé, bien imprudemment, par la réaction. Les réformes administratives et le code Napoléon furent maintenus : c’était là un puissant instrument d’unité.

Tout d’abord les Italiens, opprimés à la fois par l’absolutisme des souverains et par la lourdeur du joug germanique, ne songèrent qu’à la révolte. La révolution d’Espagne de 1820 provoqua, par contre-coup, des insurrections à Naples et en Piémont. Ce que désiraient les instigateurs de ces mouvements c’était s’émanciper localement d’une tyrannie insupportable ; certains d’entre eux, pourtant, aspiraient à une émancipation nationale. En 1821, les officiers piémontais de la garnison d’Alexandrie, bientôt suivis par ceux de Turin, arborèrent le drapeau vert, blanc et rouge du royaume d’Italie et jurèrent d’unifier la péninsule sous les plis de cet étendard. L’Autriche écrasa en vain ces révoltes ; le programme des rebelles fut désormais celui de tous les patriotes et leur nombre augmenta rapidement. En 1827 il y eut un nouveau soulèvement dans le royaume de Naples ; en 1830, des gouvernements provisoires furent installés à Parme, à Modène, à Bologne, qui furent soutenus par la quasi unanimité des citoyens et réclamèrent l’unité. L’Autriche, encore une fois, les écrasa. C’était le