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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE



La plus grande portion du présent numéro se trouve consacrée à l’étude du grand fait historique que constitue la venue à Paris des souverains italiens — à savoir la fin du malentendu qui, depuis un demi-siècle, séparait l’une de l’autre les deux sœurs latines. Nous n’y toucherons donc point dans cette revue des événements dont l’univers a été le théâtre ces temps-ci. Aussi bien, il s’est passé beaucoup de choses — et d’un sérieux intérêt — à commencer par

La retraite de Chamberlain.

On en attendait une, mais ce n’était pas la sienne ; et, tout compte fait, on aperçoit que cet audacieux joueur a choisi, une fois de plus le parti le plus propre à servir ses desseins. Son habileté de coup d’œil s’est même doublée — et ceci est nouveau — de beaucoup de tact et de mesure dans la forme. Il a mis de son côté les plus belles cartes, du moins en apparence ; il s’est montré loyal en se retirant d’un cabinet où la majorité ne partageait pas certaines de ses idées — désintéressé en abandonnant sans hésitation le plus enviable des portefeuilles — courtois en faisant au lendemain de sa démission, l’éloge de ses ex-collègues — franc en étalant carrément devant le public anglais l’objet de la dispute et les difficultés inhérentes à son projet. Et de ce qu’il ne fut, dans l’affaire du Transvaal, ni loyal, ni désintéressé, ni courtois, ni franc, on ne saurait inférer le droit de passer sous silence ces qualités le jour où, à l’improviste, il se montre capable d’en faire preuve. Son geste — pour parler le langage précieux qu’affectent nos modernes auteurs — ne manquera pas d’agir profondément sur la foule anglaise. Sans doute cela ne suffira pas à entraîner le pays dans la voie pratiquement peu attrayante où M. Chamberlain l’appelle, mais cela adoucira pour elle la première vue des horizons protectionnistes. Elle s’habituera de la sorte à y fixer ses regards et pour l’instant, le leader impérialiste n’en demande pas davantage.